Dans mon dernier billet, je vous ai parlé de la marmite du bégaiement . Et bien, je peux vous confirmer qu’en ce moment elle bouillonne !
En effet, à l’occasion de la Journée Mondiale du Bégaiement (plus de détail sur cet événement sur le site de l’APB), des conférences en ligne sont organisées jusqu'au 22 octobre sur le site de la « Stuttering Home Page » hébergé par l’Université du Minnesota.
Des orthophonistes, des bègues ou des membres d’associations postent des articles sur des sujets divers et variés. Vous pouvez réagir en ligne et l’auteur vous répond.
Vous y trouverez une mine d’informations sur les dernières thérapies, des témoignages de personnes bègues et des initiatives intéressantes (si vous ne comprenez pas l’anglais, vous pouvez cliquer en bas de chaque page pour lancer un service de traduction).
Une initiative a tout particulièrement retenu mon attention. Il s’agit de petits livres créés par deux orthophonistes américains, Craig Coleman and Mary Weidner, qui travaillent à l’hôpital pour enfants de Pittsburgh.
Ces livres ont pour but d’aider les orthophonistes et les parents à donner des conseils à l’enfant de manière concrète et ludique.
D’après leur expérience, la participation des enfants et leur assimilation est bien meilleure lorsque l’on passe par le jeu (là, je dois mettre un bémol : ça ne marche pas à tous les coups. La semaine dernière, j’ai essayé de faire jouer mes enfants à ranger leur chambre et ça a été un bide retentissant :-)).
Le premier livre qu’ils ont rédigé s’adresse à des enfants de 2 à 8 ans. Son objectif est d’apprendre à l’enfant à réduire son débit tout en gardant une manière de parler normale.
Pour cela, ils mettent en scène Tarby, une petite tortue qui se déplace en fusée.
Toujours pressée, Tarby apprend au fil de l’histoire que les gens ont du mal à la comprendre lorsqu’elle parle trop vite. Elle découvre aussi que faire les choses trop rapidement n’est pas forcément le meilleur moyen d’atteindre ses objectifs.
Comme je suis sympa, je vous ai fait un petit résumé de l’histoire pour que vous compreniez bien l’esprit. Vous êtes prêts les enfants ? (là, vous devez crier devant votre écran : Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii) Alors écoutez bien Tonton Laurent.
« Tarby, la tortue volante, est très excitée car elle va fêter son 4ème anniversaire. Elle est tellement pressée qu’elle va y aller en fusée. Mais, catastrophe ! Elle est allée tellement vite qu’elle se retrouve coincée dans les branches d’un arbre !
Elle demande aux autres animaux de l’aider mais parle tellement vite qu’ils ne la comprennent pas. Elle va donc apprendre à parler plus lentement pour que les autres animaux puissent l’aider à se dégager de son arbre.
C’est tout d’abord Germaine la Girafe qui vient à sa rescousse.
- Et bien Tarby, tout d’abord, pour parler moins vite, tu ne dois pas utiliser des phrases trop longues. Tu dois les découper en parties plus courtes…
Les amis, est-ce que vous pouvez aider Tarby à découper les phrases suivantes en petites parties (si vous suivez, vous devez crier de nouveau : « Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ») ?
Les girafes sont / les plus grands animaux / sur terre.
Les girafes ont / dans leur bouche / une langue rose et noire.
Les girafes peuvent dormir / debout
Les girafes ne mangent pas / les gâteaux d’anniversaire.
Tarby est enchantée et parle désormais en découpant ses phrases, par ex :
Merci Germaine / et les amis / vous avez fait du bon travail / en m’apprenant / comment découper / mes phrases / en petites parties.
Le guépard apprend ensuite à Tarby à faire des pauses entre chaque portion de phrase. Par exemple :
Les guépards n’ont pas besoin de fusée () sur leur dos () pour aller vite !
Enfin, c’est le cochon qui lui apprend à parler seulement lorsque c’est son tour (là, j’ai moins compris l’intérêt, si vous avez une idée, ça m’intéresse). Et le livre se termine avec Turby qui met en œuvre les trois recommandations. The End. »
Franchement, j’ai trouvé ça très sympa. Les images sont jolies, les personnages rigolos et tout est bien amené.
Au début l’adulte doit parler très vite pour restituer le débit rapide de Tarby. Ensuite, il doit proposer à l’enfant d’aider Tarby à s’exercer en lui montrant où découper sa phrase et où faire des pauses.
Craig et Mary envisagent de poursuivre la collection en abordant d’autres aspects du bégaiement comme les réactions négatives, l’évitement ou la réduction des tensions.
J’ai proposé aux auteurs mes services pour traduire ces livres. Je vous tiens au courant.
Le lien vers l’article original
Vous trouverez aussi le PDF ICI.
Le bégaiement chez l’enfant
"Des fois je bégaie", un livre pour les enfants de 7 à 12 ans
Mon enfant bégaie
Mon enfant bégaie : comment en parler à l’école ?
Mon enfant bégaie : quand consulter ?
Comment réagir au bégaiement de votre enfant
Ils se moquent de moi ! Comment répondre ?
Votre enfant bégaie : ne culpabilisez pas !"
4 commentaires:
Encore merci Tonton Laurent ;-) (tu m'as attendu dire ouiiiiii, j'espère)
On parle d'enfants bègues...une petite question me trotte par la tête.
Bègues que vous êtes, bègues que vous connaissez est ce que les parents, les grands parents, les enfants et les frères et soeurs sont bègues ? Et les bègues ont quels rangs dans les enfants?
Pour ma part une père bègue jusqu'à l'age de 11 ans. 3 frères non bègues et moi le dernier bègue. Mes enfants ne sont pas bègues (Dieux, merci).
Et je connais deux papas bègues qui ont à eux deux 5 enfants bègues.
@Da : voici un extrait d'une réponse du Dr Monfrais sur le sujet. "Certains bégaiements sont directement héréditaires et il y a des lignées de personnes bègues. (...) Ils ne sont pas forcément plus graves. De plus les parents, plus conscients, consultent souvent beaucoup plus tôt, et dans mon expérience à juste titre.
D'autres apparaissent de nulle part, tout simplement parce que nous sommes tous des Organismes Génétiquement Modifiés !"
Merci pour cette traduction !
Une idée pour expliquer le 3e conseil : souvent, les enfants commencent à parler aux adultes quand l'envie leur en prend, sans prêter attention aux moments de disponibilité de leur interlocuteur. Du coup, ils se mettent dans une situation de communication qui "commence mal", puisque l'interlocuteur n'a pas été prévenu, notamment par contact visuel, que l'enfant allait parler. La réaction non verbale de l'interlocuteur est alors souvent négative (gros yeux, geste d'impatience, ...), sans parler des "je parle à la dame, attends ton tour...". La pression ressentie alors par l'enfant a de grands risques d'alimenter le bégaiement et de provoquer des disfluences... Avec l'orthophoniste, l'enfant est amené à travailler les tours de parole, le contact visuel préalable à la prise de parole, ... bref, les habiletés de communication qui sont mises à mal par le bégaiement. Ca vous parait justifié ?
Merci Hélène pour avoir enfin donné une explication à ce 3ème conseil !
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