Vous n’êtes donc pas un mauvais père ou une mauvaise mère parce que votre enfant bégaie. Il y a très peu de « mauvais » parents et les démarches que vous faites pour vous documenter ou vous faire aider montrent que vous êtes un bon parent qui se préoccupe du bien-être de son enfant.
Charles Van Riper disait : « Tous les parents font des erreurs dans l’éducation de leurs enfants et celles que vous avez éventuellement faites ne sont pas pires que celles faites par des parents d’enfants qui ne bégaient pas. »
Je pense qu’il est essentiel que vous intégriez cela, non seulement pour vous mais aussi et surtout pour votre enfant.
J’ai déjà parlé de l’importance de donner un modèle de parole plutôt que de donner des conseils qui peuvent passer pour des jugements. Mais vous savez bien que vous servez de modèle à votre enfant pour bien d’autres choses encore.
Les comportements, sentiments et attitudes des enfants sont influencés directement par ceux de ses parents. Il est donc tout aussi important de donner à son enfant un modèle d’attitude vis-à-vis du bégaiement.
L’enfant qui bégaie peut en effet faire sien les sentiments de ses parents sur le bégaiement. Vous en doutez ? Ecoutez ce que dit le Dr. Peter Ramig, qui travaille au département des troubles de la parole et de la communication à l’Université du Colorado. Il conseille aux parents de se poser les questions suivantes :
- Est-ce que je me sens coupable du bégaiement de mon enfant ?
- Est-ce que je me sens responsable de ce bégaiement ?
- Est-ce que je ressens le bégaiement comme quelque chose de honteux, de gênant ou de mal ?
- Est-ce que je me fâche contre mon enfant parce qu’il bégaie ?
Je suis sûr que ces questions vont vous interpeller. Tant mieux. Comment votre enfant peut-il vivre positivement son bégaiement s’il ressent embarras ou culpabilité autour de lui ? Je ne dis pas que c’est facile pour vous car je sais combien la recherche de solutions peut-être un parcours du combattant pour les parents. Ma mère a recherché pour moi toutes les thérapies possibles. Elle était même allée jusqu’à m’emmener chez un magnétiseur, tant son impuissance était grande. Elle n’avait pourtant rien d’une illuminée et était plutôt rationnelle. Cela montre dans quel désarroi le bégaiement peut plonger les parents.
Votre amour n’est donc absolument pas en cause. Mais cet amour doit être utilisé pour dégager une énergie positive. Comme le disait Papy Van Riper :
« Votre enfant a besoin de votre amour pas de votre culpabilité. »Je concède que cette phrase est peut-être un peu dure à lire, mais elle est sans doute vraie. Pour que l’enfant accepte son bégaiement et le vive du mieux possible, il est essentiel que vous l’acceptiez vous-même.
Un certain nombre de personnes qui bégaient expriment la difficulté qu’ils ont à parler, même à l’âge adulte, de leur bégaiement avec leur famille. Et cette souffrance familiale et silencieuse est une charge beaucoup trop lourde à porter pour un enfant. Oui, des fois votre enfant bégaie. Il faut le reconnaître, être capable d’en parler, l’aider à accepter cette différence mais lui montrer aussi qu’il est une personne unique, avec ses qualités et sa richesse.
Pour illustrer l’importance de cet accompagnement positif, j’ai trouvé ce témoignage touchant de John Ahlbach, un adulte bègue : « Quoi qu’il arrive, j’ai la chance d’avoir eu une mère et un père qui m’ont instillé le sentiment que j’étais une personne spéciale qui avait beaucoup à donner aux autres. »
Attention ! Accepter ne veut pas dire ne rien faire ! Le bégaiement est un problème pour lequel des solutions existent. Apprenez ce que vous devez savoir, cherchez de l’aide. Il y a de l’information disponible, de plus en plus d’orthophonistes sont formées, il y a des forums où des parents échangent leurs témoignages… Mais, s’il vous plaît, arrêtez de culpabiliser ! Le bégaiement se nourrit du silence et de la honte. Aspergez le chaque jour de lumière, de soleil et de rire et vous verrez… Il fera moins le malin !
Laurent
Articles sur le bégaiement chez l’enfant
"Des fois je bégaie", un livre pour les enfants de 7 à 12 ans
Mon enfant bégaie
Mon enfant bégaie : comment en parler à l’école ?
Mon enfant bégaie : quand consulter ?
Des livres pour aider les enfants qui bégaient
Comment réagir au bégaiement de votre enfant
Ils se moquent de moi ! Comment répondre ?
8 commentaires:
Encore un très bel article, qui me fait un bien fou en tant que maman, évidemment. J'ai aussi compris,à la lecture de ton blog et de cette note aujourd'hui, quelque chose dont je n'avais pas encore saisi l'importance : l'acceptation. Cela m'a fait quasiment l'effet d'une révélation...Parce que ça change tout !! Il ne s'agit plus de "se battre contre" mais de "vivre avec". J'en ai parlé avec mon fils, et j'en reparlerai avec lui. Merci, encore une fois, pour la justesse de tes notes et pour l'aide inestimable qu'elles apportent.
Lors d'une interview après la découverte des trois premiers gènes, le Dr Dennis Drayna a parlé de la culpabilité et de l'hypothèse des "mauvais parents" (bad parenting) avec un rire méprisant, que moi j'ai interprété comme "Si vous pensez que les parents sont coupables du bégaiement, vous êtes soit stupide soit idiot"
@Olivier : et pan ! Sur le bec ! Il m'est très sympathique ce Dr !
@Anne : c'est vrai que ça peut paraître simple, mais ça a été aussi pour moi une révélation. De même, lorsqu'on m'a dit un jour que je n'étais pas coupable de mon bégaiement et que donc je n'avais pas à en avoir honte. Ca a été un soulagement indicible, comme un poids enlevé soudainement de mes épaules et de ma poitrine. Incroyable comme de simples mots peuvent avoir de si grandes conséquences.
c'est pas facile d'être parent!! moi qui croyait qu'il suffisait que mon petit bonhomme n'accepte pas son bégaiement, mais il est vrai que cela fait parti de lui. Alors s'il ne l'accepte pas comment va-t-il pouvoir se construire, je dois moi aussi accepter sa différence pour qu'il puisse avoir une belle image de lui. Merci encore Laurent, des mots justes...une aide précieuse.
emma maman d'Arthur
c'est vrai que ça fait du bien de lire ça...en tant que maman, je culpabilise beaucoup et je m'interroge "qu'est ce que j'ai "loupé"?; le questionnement des autres aussi:"à quoi c'est dû?" "peut être tu devrais...." ral le bol des conseils!!! sans compter le cercle vicieux: le bégaiement nous touche au plus profond de nous en tant que parent ce qui nous fait déprimer et donc notre enfant le ressent et begaie encore plus!!!! merci pour tes conseils je vais essayer de me les approprier!!!
@Anonyme : Bienvenue sur le blog. Eh oui, je vous le confirme : je ne me sens pas "loupé" ! Et votre l'enfant ne l'est certainement pas non plus. Des fois, il bégaie... Et des fois, il vous fait rire... Et des fois il vous surprend... Et des fois il fait plein d'autres choses ! Bon courage pour la suite et bises à tous les deux.
Laurent
Merci du fond du cœur Laurent pour ces articles qui réchauffent le cœur d'une maman!
ça fait aussi du bien de voir que nous ne sommes pas seuls dans cette situation et que d'autres parents passent par les mêmes questionnements.
Il faut rester positif et essayer de briser ce cercle vicieux afin que notre anxiété ou culpabilité ne pèse pas sur notre enfant! Tout un programme qui mérite des petits efforts chaque jour.
Merci à tous pour vos commentaires!
Merci pour votre aide. Je suis une grand mère qui viens tout juste d'être confrontée au bégaiement de sa petite fille. Et évidemment j'ai plongé tête baissée dans les erreurs à ne pas commettre. Je ne sais pas à ce stade si le chemin sera long mais je le voudrais le moins pénible possible et suis je l'avoue assez désemparée.
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