Je suis tombé sur un article très intéressant rédigé par The Stuttering Foundation of America. C’est un mini guide pour des enfants qui souhaitent expliquer leur bégaiement en classe. J’ai déjà parlé de l’importance de cette démarche dans mon post « parlez-en ». Les conseils donnés ci-après peuvent être utilisés quelque soit la thérapie suivie par l’enfant (orthophonie ou autre).
En voici une traduction résumée.
L’un des moyens pour expliquer votre bégaiement à vos amis est de demander à votre thérapeute ou à votre professeur de vous aider à faire une présentation sur le sujet. Beaucoup d’enfants que nous connaissons ont fait ce type d’exposé en classe et nous avons pensé intéressant de vous faire partager leur expérience avec ce modèle de présentation...
1. Introduction
Présentez les intervenants (en général vous et votre orthophoniste ou thérapeute)
2. Demandez qui est déjà allé chez l’orthophoniste et pourquoi ?
Il y a en effet un grand nombre de troubles de la parole : problème de prononciation, dyslexie… et il y a de grandes chances pour que d’autres élèves aient déjà suivi des séances d’orthophonie.
Dites à la classe que vous allez leur apprendre des choses intéressantes sur le bégaiement et que vous allez les instruire parce c’est important d’être éduqué.
3. Dites leur ce qu’est le bégaiement et pourquoi il survient.Demandez aux élèves s’ils savent ce que c’est. Donnez ensuite votre définition.
4. Demandez-leur s’ils connaissent des gens célèbres qui bégaient.Citez-en quelques-uns : Moïse, Julia Roberts, Bruce Willis, François Bayrou,…
5. Assurez-vous qu’ils savent que l’on est pas responsable de son bégaiement. Les gens ne bégaient pas parce qu’ils sont bêtes ou malades et ce n’est pas votre faute si vous bégayez.
6. Faites leur comprendre ce qu’est le bégaiement :
Montrez différentes sortes de bégaiement (blocage, répétition, substitution de mots…)
Demandez leur d’essayer de bégayer. Vous pouvez même leur donner une note !
Demandez ensuite à vos camarades ce qu’ils ressentiraient s’ils devaient s’exprimer toujours de cette manière. C’est le meilleur moyen pour qu’ils vous comprennent.
7. Montrez aux élèves ce que vous avez appris pour parler plus facilement.
On n’ose pas toujours appliquer ce que l’on a appris. Là aussi, le mieux est de leur expliquer ce que vous devez faire.
Faites une démonstration des techniques que vous avez apprises.
Demandez à quelques-uns de faire la même chose. Ils verront ainsi que ce n’est pas si facile de changer sa manière de parler.
Dites leur que vous n’arriverez pas toujours à mettre en oeuvre ces techniques. Que c’est un travail long et difficile.
Expliquez qu’il y a des moments où cela sera particulièrement plus dur. Par exemple, lorsque vous êtes fatigué ou énervé, ou si vous avez peur de parler ou que l’on se moque de vous..
8. Expliquez comment les gens peuvent parfois se moquer des bègues et comment cela vous affecte.Demandez aux autres élèves si l’on s’est déjà moqué d’eux pour une raison ou une autre et ce qu’ils ont ressenti.
Interrogez les sur la manière dont la classe doit réagir si l’un des élèves est moqué ou embêté.
9. Dites à vos camarades ce que vous attendez d’eux, ce qu’ils doivent faire pour vous aider lorsque vous bégayez.
Je trouve ces conseils vraiment très intelligents pour les raisons suivantes :
- C’est une excellente idée de se faire accompagner d’un adulte, notamment de son thérapeute. Pour un enfant, c’est en effet très difficile d’être seul face à la classe. L’appui d’un adulte va le rassurer et peut lui permettre de faire le pas. De plus, la présence du thérapeute « crédibilise » le handicap, le bégaiement étant souvent perçu comme quelque chose d’amusant mais de finalement pas très grave.
- Ils permettent de dédramatiser les choses et de faire preuve de pédagogie. On a peur de ce qu’on ne connaît pas. Or le bégaiement est méconnu et tout ce qui peut contribuer à l’expliquer est bienvenu. Je pense qu’il faut dire à l’enfant que son exposé sera utile pour lui mais aussi pour d’autres personnes bègues que croiseront ses camarades et qui n’oseront peut-être pas expliquer tout cela. L’idée de demander aux autres de bégayer puis de dire ce qu’ils ressentiraient s’ils parlaient toujours comme cela est excellente.
- Les sujets abordés vont remplacer les réactions de rejet ou d’incompréhension par une complicité entre l’enfant qui bégaie et ses camarades. Les associer à sa rééducation est important. C’est une marque de confiance et ils seront certainement heureux de pouvoir donner leur aide. De son côté, l’enfant bègue ne cherchera plus à masquer son bégaiement en classe et osera utiliser les techniques apprises.
Pour finir, il m'a paru utile de mentionner cette présentation parce qu'elle n'est pas seulement adaptée au bégaiement : elle peut, à mon avis, être utilisée quelque soit le handicap de l'enfant.
Pour les anglophones, l’article original est ici.
Le bégaiement chez l’enfant
"Des fois je bégaie", un livre pour les enfants de 7 à 12 ans
Mon enfant bégaie
Mon enfant bégaie : quand consulter ?
Des livres pour aider les enfants qui bégaient
Comment réagir au bégaiement de votre enfant
Ils se moquent de moi ! Comment répondre ?
Votre enfant bégaie : ne culpabilisez pas !"
2 commentaires:
beaucoup appris
C’est intéressant. Dommage que pas tout les professeurs le fassent pour expliquer les handicaps et l’impact que ça peut avoir sur la vie quotidienne.
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