Pour Katie, cette lumière qui affaiblit est une des métaphores les plus adaptées au bégaiement.
Sincèrement, et je vous le dis par expérience, Katie a raison.
Arrêtez de cacher votre bégaiement : exposez le à la lumière et parlez-en ! Vous serez surpris de l’intérêt et de l’accueil des gens, de leur empathie, de leur admiration et de vos encouragements pour votre combat.
Ne craignez pas de faire la démarche, vous n’y trouverez que des avantages. J’en vois au moins trois.
- Cela change la croyance que vous avez sur la manière dont les autres perçoivent votre parole ou votre particularité. Vous avez peur que cette révélation les gêne ou qu’ils se moquent de vous ? Croyez-moi, c’est exactement l’inverse qui se produit. Lorsque je pratiquais la méthode Impocco (que j’ai abandonnée depuis, j’aurai l’occasion d’y revenir), je parlais d’une manière un peu étrange, ce qui ne manquait pas d’intriguer certains de mes interlocuteurs. Quelques fois, j’ai donc pris l’initiative de leur expliquer ce que je faisais. J’ai été agréablement surpris par les réactions qui étaient toujours positives et souvent même empreintes d’admiration. Ces réactions positives vous aident à cesser d’assimiler le bégaiement à une honte inavouable.
- Cela vous soulage.
J’ai souvent rencontré cette notion de soulagement ou de libération dans les témoignages de ceux qui ont « osé » en parler.
Dissimuler son bégaiement peut s’avérer épuisant et les bègues cachés sont souvent plus stressés du fait de devoir continuellement éviter des situations ou trouver des subterfuges pour ne pas être démasqués.
En affichant votre bégaiement, vous n’avez plus l'impression de fuir ou de vous cacher. Je me souviens de ce témoignage sur le forum parole bégaiement : « Pour moi, le moment-clef a été d’avouer avant un exposé que j'avais un problème de bégaiement. Quel soulagement cela a été de pouvoir dire ces mots ! »
Lorsque j’ai rencontré mon épouse, plutôt que de chercher à masquer mon bégaiement pour être « comme les autres », j’ai pris le parti de lui révéler tout de suite. Cela m’a permis d’être moi même et d’avancer sans la crainte d’être « démasqué ». Et puis, ç’est beaucoup plus original que « vous habitez chez vos parents» ! Aujourd’hui, nous sommes mariés depuis 11 ans et nous avons trois adorables enfants.
- Cela rassure vos interlocuteurs.
Dans mon cas, on ne comprenait pas forcément que j’étais bègue, on avait l'impression que j’étais très stressé, que j'avais des tics...Cette révélation était donc parfois vécue par l’Autre comme un soulagement. Ce n’était « que » ça !
Il faut savoir que, pour beaucoup de gens, le bégaiement est une énigme (ça l’est déjà pour vous alors imaginez pour les autres), quelque chose d’intrigant, de mystérieux. Ils ne savent pas non plus comment se comporter face à un bègue (j’en profite pour vous mettre un lien vers le blog d'Alexandre qui présente le fascicule réalisé par l’APB pour expliquer aux examinateurs comment réagir face à un élève qui bégaie). En parler donne à vos interlocuteurs une opportunité pour poser des questions sur le bégaiement. Cela vous permet aussi de présenter les techniques que vous avez apprises et de les mettre en oeuvre de manière totalement libérée.
Et puis rappelez-vous : vous n’en êtes pas responsable ! Ne l’avouez pas comme une faute. Le but n’est pas de se faire plaindre. Sincèrement, je pense ne jamais avoir vu de compassion lorsque j’en ai parlé mais plutôt de l’intérêt.
L'incompréhension peut même se transformer en une sorte d"admiration" sur le fait que vous arrivez « quand même » à surmonter votre bégaiement pour faire des études, avancer dans une carrière, etc,...
Alors, chiche ?
5 commentaires:
Je suis entièrement d'accord avec toi, Laurent, mais...
D'après mon expérience, cela ne résoud qu'une partie du problème. Beaucoup de gens m'ont souvent dit, "lâche toi olive, dit à tout le monde que tu bégaies, n'aie pas peur...". Ca m'a aidé un peu, à court terme...parce que le coeur du bégaiement était toujours là.
Et pourtant je suis daccord avec toi, il faut le faire.
Mais les réactions des gens sont extrêmement variables, selon l'humeur, la réaction peut différer chez une même personne. La plupart des gens sont très mal renseignés sur le bégaiement: Ils diront oui-oui un peu à tout, et ne feront pas la différence entre une thérapie ortho et une méthode sauvage.
Crier son bégaiement à voix haute est une bonne chose, mais à mon avis ce n'est le soulagement d'un symptôme. Mais il est bon de le faire, je maintiens.... :-)
olivier
Tout à fait d'accord avec toi, Olivier : ce n'est pas suffisant et cela ne règlera pas tout. Cependant, c'est un élément essentiel pour progresser et parler de son bégaiement librement sera toujours, je le pense, beaucoup plus positif que de le dissimuler.
Bonjour Laurent,
Merci pour ton blog. Il m'a fait réfléchir à propos de mon petit problème de begaiement, que j'ai depuis +- 3 ans. Au début, je n'en avait parlé à personne, même pas à mes parents car je pensait que c'était passagé et que ça aurait fini par passer, ce qui n'est pas le cas. J'en ai finalement parlé à un de mes professeurs, puis à mes parents. Ma prof m'a conseillé de consulter un kinésiologue car elle connaît une personne qui s'en est sortie comme ça. Qu'en penses-tu? Connais-tu des personnes ayant essayé cette méthode?
A bientôt,
Pauline.
Bonjour Pauline,
Je n'ai pas essayé la kinesiologie et je ne connais pas grand chose là-dessus. Le sujet a parfois été abordé dans le forum "paroles de bègues" (tape "kinesiologie" dans le champ de recherche du forum en haut à droite).
Je te conseille de lire certains des ouvrages en ligne dans ma section téléchargement, cela pourra te donner quelques pistes. Tu peux aussi essayer de rencontrer une orthophoniste spécialisée dans le bégaiement (voir liste sur begaiement.org), pour voir ce qu'elle peut te proposer et si le courant passe. En tous cas, bravo d'en avoir parlé à tes parents, c'est un pas important. N'hésite pas à donner des nouvelles.
Laurent
j'ai également suivi un stage sur la méthode Impoco,trés positif pour moi à condition de continuer à travailler en intègrant un groupe régulièrement
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