5 juin 2009

Mon enfant bégaie

Je ne me souviens pas de mon premier bégaiement. Mes parents m'ont dit qu'à la maternelle déjà, ils avaient décelé quelque chose mais le médecin de famille les avait rassurés en disant que cela passerait...
C'est malheureusement le conseil souvent donné par les enseignants ou médecins.
Certes, cela peut arriver… Mais cela peut aussi ne pas « passer » : sur 4 enfants qui bégaient, un restera bègue à l’âge adulte, selon les chiffres généralement cités par l’Association Parole Bégaiement. 25% de risque, cela reste important et, plus on aura attendu, plus cela sera difficile d’agir.
En effet, s’il est traité avant 8 ans et dans la première année suivant l’apparition, le bégaiement de l’enfant se soigne très bien. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’a pas encore réussi à s’ancrer et que les situations d’échec marquant l’esprit ne sont pas encore trop importantes. L’enfant n’a pas eu le temps de se focaliser sur le bégaiement et de se construire autour de lui. Il n’est pas entré « dans la peau » d’un bègue qui surveille sa parole, évite certains mots et fuit les prises de parole. Il faut donc agir rapidement. Quelle attitude avoir face à un enfant qui bégaie ?

1. Ne donnez pas de conseils mais montrez l’exemple :

Un conseil peut passer pour un jugement et amener l’enfant à surveiller sa parole ce qui est le meilleur moyen pour faire prospérer le bégaiement.
Montrer l’exemple, au contraire, peut faire des merveilles. En matière d’éducation, ce que nous faisons est en effet plus important que ce que nous disons. Les enfants apprennent beaucoup par mimétisme et c’est bien sûr aussi le cas pour l’apprentissage de la parole. On reconnaît souvent les filiations par la voix : mêmes intonations, même débit… Au téléphone, il a dû déjà vous arriver de confondre un père et son fils ou une mère et sa fille. (un fils et sa mère, c’est peut-être un peu moins courant…)
Le plus important est donc de donner un bon modèle de parole à son enfant car il le reproduira.

Pour cela :

  • Parlez lentement et doucement (encore une fois, ne lui conseillez pas de le faire, faites-le !)
  • Regardez votre enfant dans les yeux lorsque vous parlez et lorsque vous l’écoutez.
  • Ecoutez le attentivement et ne l’interrompez pas.

Cela permet de ne pas lui mettre la pression du temps (pas besoin de se précipiter pour parler) et de lui montrer que ses éventuels accidents de parole n’empêchent pas la communication (la parole est un échange qui passe aussi par le regard et l’écoute). A propos de pression, certains thérapeutes conseillent aussi de relâcher un peu celle que les parents peuvent mettre sur l’enfant : autorité excessive, exigences sur les repas, sur les résultats scolaires… sans tomber non plus dans le laxisme, bien entendu.

Ces conseils doivent bien sûr être suivis par toute la famille. S’il a des frères et soeurs, veillez à ce que son temps de parole soit bien respecté, qu'on l'écoute et qu'on ne l'interrompe pas sinon il sera toujours dans l'urgence et la précipitation. J’ai un débit de parole très rapide et, comme par hasard, je suis issu d’une famille de trois enfants où tout le monde parlait à une vitesse supersonique…

2. Consultez une orthophoniste spécialisée dans le bégaiement (liste sur le site de l’APB http://www.begaiement.org/). Elle vous conseillera et jugera si une prise en charge est nécessaire. Si c’est le cas, quelques séances sont souvent suffisantes pour retrouver une parole fluide, surtout si vous suivez en parallèle les conseils cités plus haut.

Ce thème a aussi été souvent abordé sur le forum « parole de bègues » et je vous invite à aller y faire un tour pour trouver d’autres témoignages.

Le bégaiement chez l’enfant
"Des fois je bégaie", un livre pour les enfants de 7 à 12 ans
Mon enfant bégaie : comment en parler à l’école ?
Mon enfant bégaie : quand consulter ?
Des livres pour aider les enfants qui bégaient
Comment réagir au bégaiement de votre enfant
Ils se moquent de moi ! Comment répondre ?
Votre enfant bégaie : ne culpabilisez pas !"

2 commentaires:

Olivier a dit…

Je ne l'ai jamais écrit sur mon blog, mais j'ai eu des mails de parents qui me demandaient conseils parce que leur contact avec une ortho conseillée par l'APB avait échoué.
Je soupçonne une certaine attitude de certains parents...refus de l'aide, impatience, fixations. On ne parle presque jamais de ce problème, et pourtant c'est un gros noeud à dénouer. J'ai parfois tenté d'écrire un article là-dessus, mais c'est difficile de le faire délicatement.

Laurent L. a dit…

Je crois en effet qu'il faut l'aborder. J'avais aussi dans l'idée de faire un article sur le choix de son thérapeute. Pour moi, il faut que le courant passe, c'est essentiel et on a pas forcément d'atomes crochus avec tout le monde. Je comprends donc que des contacts puissent mal se passer. Et puis, tu as raison, il peut aussi y avoir un problème du côté des parents. Il leur faut trouver quelqu'un qui predndra en compte leur personnalité et les aiguillera avec toute la psychologue nécessaire.

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