Voici maintenant presque trois ans que Goodbye Bégaiement existe et que j'essaie de partager avec vous différentes solutions testées et approuvées pour surmonter son bégaiement. Oui mais voilà, il y a régulièrement une petite voix qui s'élève au fond de la salle pour dire : « C’est sympa Laurent mais mon problème, c’est que je manque de persévérance ! » ou « mon gros défaut a toujours été le manque d’assiduité…» Cela ne m’étonne pas car c’est une remarque que je me suis moi-même souvent faite… Et je pense que 3 questions simples permettent de comprendre ce manque de persévérance.
Dans ce post, je vais vous présenter ces 3 questions et surtout vous donner un outil précieux pour vous mettre de manière durable sur la route de la fluidité...
La première question est : « Avez-vous vraiment envie de ne plus bégayer ? ». Je vous renvoie au post que j’avais fait sur le sujet. Question déterminante parce que tous les témoignages de ceux qui ont fait des progrès spectaculaires concordent : ils étaient arrivés au stade « ça ne peut plus continuer ! » et étaient profondément décidés à faire quelque chose pour s’extirper des marais gluants du bégaiement. Beaucoup parlent d’une « prise de conscience » et d’un « moment-clef ». C’est le cas par exemple de Walt Manning, personne qui bégaie devenue orthophoniste et spécialiste renommé du bégaiement. Après avoir voulu s’enrôler en vain dans l’armée, chaque fois recalé à cause de son bégaiement, il a eu cette fameuse prise de conscience qui a engendré sa farouche détermination : « Je me souviens encore de cette soirée où je décidai de m’inscrire à une thérapie. Je fis une marche dans le voisinage, m’assis sur le bord du trottoir et décidai que le temps était venu de demander de l’aide. À moins que je ne puisse m’exprimer librement, je savais que ma vie allait être une succession de cul-de-sac ou de chemins étroits. Je crois bien que c’était la toute première fois de ma vie que je reconnaissais vraiment avoir un problème de bégaiement. Et c’était en tout cas la première fois que j’étais vraiment déterminé à y faire quelque chose. N’ayant aucune idée de ce que j’allais faire de ma vie à long terme, je savais, par contre, qu’à cet instant même, il me fallait faire quelque chose pour mon élocution. J’étais disposé à faire tout ce qui était nécessaire. Le temps que cela prendrait et le coût que cela impliquait importaient peu. »
La deuxième question est : « Est-ce que la méthode choisie vous convient vraiment ? » Est-ce qu’elle correspond à ma personnalité, à ce que je suis au fond de moi ? Pour ma part, même si je ne maîtrisais pas trop mal la méthode Impoco, je sentais que cela ne me convenait pas (j’en avais parlé ici). J’ai longtemps papillonné de méthodes en techniques avant de tomber sur les textes d’Alan Badmington et John Harrison, avec lesquels je me suis pleinement identifié et qui proposaient des solutions qui me « parlaient » et me convenaient. Pour d’autres, ce sera l’orthophonie, la psychothérapie, la méthode d’un ancien bègue… Peu importe mais en tous cas, il vous sera difficile d’aller plus loin si vous n’avez pas encore trouvé « votre » solution.
Si vous avez répondu « oui » à ces deux premières questions, voici la troisième, toute aussi essentielle :
« Avez-vous un plan ? »
Eh oui… Réfléchissez bien… Et posez-vous la question : avez-vous un plan pour surmonter votre bégaiement ?
Parce que ce serait une erreur de croire que le plan s’arrête à la sortie de votre stage ou de vos séances d’ortho. Vous en sortez peut-être gonflé à bloc, sûr d’avoir trouvé « LA » solution et vous êtes un peu dans la peau d’Elie Semoun, « la fausse patte du Calvados » qui veut affronter Mike Tyson…
Entre parenthèses, si votre thérapeute a la tête de Dieudonné sur cette vidéo, je me méfierais un peu quand même… Mais même si vous venez de faire un stage de boxe d’une semaine, la technique acquise et votre profonde motivation ne seront pas suffisantes. Et c’est peut-être un peu tôt pour partir à la recherche de Mike Tyson afin de lui en coller une, vous ne trouvez pas ? Il va vous falloir bâtir un plan d’entraînement, avec des étapes, des objectifs…
En effet, le plus difficile ne fait que commencer : maintenir la fluidité acquise en stage ou dans le cabinet de l’orthophoniste. Comme certains thérapeutes le soulignent, avec un brin de provocation : « ce n’est pas très compliqué de rendre un bègue fluide, le problème c’est de maintenir cette fluidité. »
Les professionnels appellent cela la phase de « transfert » (c’est un terme que vous trouverez dans le cahier), c'est-à-dire le transfert "dans la vraie vie" des techniques et comportements appris durant la thérapie. C’est assez facile de faire le malin devant son ortho ou ses copains de stage mais c’est une autre histoire lorsque vous vous retrouvez seul sans la présence rassurante de vote coach et de vos petits camarades. Un peu comme si vous croisiez Mike Tyson en vrai…
Travailler ce que vous avez appris, que ce soit sur le plan technique ou comportemental, est indispensable. A la fois parce que vous allez entretenir votre confiance et continuer à progresser et surtout parce que, si vous le faites, vous allez progresser dix fois plus vite qu’en séance. Comme le disent les comédiens "Dix minutes sur scène valent dix années d’entraînement en coulisses!" Si au contraire, vous sortez de vos séances et cessez de travailler, vous allez perdre rapidement tout le bénéfice acquis. Il y a deux ans, j’ai fait un stage pour passer mon permis bateau. Nous avons travaillé intensivement durant deux jours les règles de navigation et les manœuvres. Le troisième jour, j’ai passé les tests théoriques et pratiques avec succès et j’ai été accueilli en héros par ma femme et mes enfants. J’ai rangé dans un tiroir mes notes de formation et mon code nautique et je n’ai plus approché un bateau durant six mois. L’été suivant, nous avons décidé de louer un bateau. Que croyez-vous qu’il s’est passé ? J’avais tout oublié, bien sûr. Envolée la tranquille assurance du Capitaine Laurent, la main ferme sur la barre et le regard fier posé sur l’horizon… J’ai dû refouiller dans le tiroir, consulter mes notes, relire le code pour être sûr de ne pas éperonner un bateau ou un rocher. Du coup j’ai stressé (appréhension : allais-je y arriver ?) et lorsque le jour est arrivé, j’ai refait les manœuvres lentement en stressant d’oublier quelque chose et en prenant au final peu de plaisir à ce qui aurait dû être un moment agréable. Dommage non ?
Vous allez donc devoir apprendre à devenir votre propre thérapeute et à travailler sans que quelqu’un ne vous pousse aux fesses en vous disant ce que vous devez faire.
Et pour cela, vous devez avoir un plan.
Oui mais voilà ; comme l’a dit Dostoïeski : « Trouver n’est rien, c’est le plan qui est difficile. » Pauvre Dostoïevski ! Il n’a pas la chance que vous avez ! Car vous êtes une bande de sacrés veinards : l’Australian Speak Easy Association vous a concocté un plan clefs en main pour surmonter votre bégaiement ! Et chance n°2 : je me suis dit que ça vous ferait plaisir d’en avoir une traduction française. Je suis donc descendu dans ma cave, j’ai enfilé mon vieux gilet de laine, allumé mon ordinateur et ne suis ressorti que dimanche, après un mois d’enfermement, épuisé, affamé et les yeux blessés par la lumière du jour mais tenant au bout de mes pauvres doigts ensanglantés par les longues heures de frappe, la traduction complète de ce cahier indispensable ! C’est donc avec émotion que je le dépose entre vos mains. Prenez-en soin car vous y trouverez des exercices, des tableaux à remplir, des questionnaires qui vous permettront :
- de réfléchir sur vos forces, faiblesses, croyances et sur la manière dont vous allez pouvoir les utiliser ou travailler dessus.
- de définir vos objectifs à court, moyen et long terme et d’apprendre comment fixer de « bons » objectifs.
-d’identifier vos peurs, c'est-à-dire les situations de parole que vous appréhendez le plus (téléphoner, aborder un inconnu, parler en public…)
- d’établir un plan d’action détaillé sur 6 semaines.
- d’éclater Mike Tyson.
Attention toutefois ! Pour que ce cahier vous soit utile, il faut que vous possédiez déjà des outils qui vous conviennent et dont vous avez pu tester l’efficacité en thérapie. Peu importe vos techniques : que vous « souffliez sur vos syllabes », fassiez des démarrages en douceur ou de la phonation continue, que vous travailliez votre débit de parole, votre contact visuel, votre langage corporel, votre comportement, vos modes de pensées… Vous ne pouvez pas partir dans cette aventure sans un minimum d’équipement et de consignes… Mais si vous avez déjà choisi le vélo tout terrain qui vous emmènera vers la fluidité, le temps est venu pour vous de quitter le parking du magasin, d’aller sur la route, puis en forêt sous le soleil ou dans la boue, puis sur des descentes abruptes… Il y aura quelques frayeurs et des chutes mais au final beaucoup de plaisir…Parce que si vous avez la motivation suffisante, une bonne technique et un plan d’actions avec des objectifs progressifs, ça devrait bien se passer.
Que les semaines et les mois qui viennent vous soient profitables.
Bonne lecture et peut-être à une prochaine fois.
Laurent
Pour télécharger gratuitement "le cahier d'exercices pour surmonter son bégaiement", cliquez ICI !
8 commentaires:
super ce cahier! je vais l'essayer et je te tiendrai au courant bisous
sarah
Merci pour ce cadeau !
Merci à tous les deux. J'attends vos retours !
Laurent
merci pour ces précieuses informations et le cahier
Excellent, ce petit cahier !!!
Essayer de jouer le jeu, 6 semaines...
Excellent, ce petit cahier !!!
Essayer de jouer le jeu, 6 semaines...
Gros merci :)
Je suis en train de lire un livre, Refléchisez et devenez riche de Napoleon Hill. Il explique donc comment batir son petit empire et la chose la plus importante c'est d'avoir des plans clairs et détaillés.
C'est sans doute la même pour le bégaiement. Gros merci pour le cahier Laurent :)
Salut Red et merci pour le message. Quand tu seras devenu riche, tu pourras me passer le livre ? ;-)
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