12 oct. 2010

Quelques suggestions pour obtenir et maintenir une plus grande fluence.

Aujourd’hui, je vous mets en ligne un nouveau chapitre traduit de « Advice to those who stutter" (conseils pour ceux qui bégaient). Celui-ci a été rédigé par David A. Daly. Durant sa jeunesse, David bégayait sévèrement et sa rencontre avec un thérapeute a été déterminante. Pour ceux souhaitant se tourner vers une thérapie, on ne soulignera jamais assez l’importance de trouver quelqu’un avec qui le courant passe. C’est important car vous allez passer du temps avec lui, livrer vos pensées, vos peurs, vos croyances… Et puis vous devez avoir confiance en lui : si vous n’êtes pas convaincu par ce qu’il vous raconte, vous aurez du mal à mettre en œuvre ses conseils… David a trouvé ce thérapeute et cela a changé sa vie : non seulement il a réussi à soigner son bégaiement mais il a aussi décidé de consacrer sa carrière à aider les personnes qui bégaient. Il décrit d’ailleurs cette importante rencontre dans ce chapitre.

Les conseils de David (docteur es pathologies de la parole, universitaire, chercheur et créateur d'un centre de traitement des troubles du langage et de la parole)  peuvent être résumés ainsi :

- Dans votre chemin vers la fluence, ne visez pas la perfection. Et oui ! C’est le meilleur moyen pour se mettre la pression, alors recherchez plutôt l’amélioration. Comme je l’ai lu récemment sur un forum « Ce qui m’a aidé a été de penser au bégaiement sur une échelle de 1 à 100, sur laquelle vous progressez graduellement et avez de plus en plus de pensées positives et de fluence au fur et à mesure que vous avancez. Auparavant, je n’avais en tête qu’une échelle binaire, 0 ou 1, bégaiement ou pas bégaiement. C’était très stressant !»

- Votre premier objectif doit être de parler davantage. Bah oui ! Si voulez apprendre à nager, il vous faudra aller chaque jour à la piscine ! Ca peut paraître idiot à dire mais « on fait bien ce que l’on fait souvent ». Exercez-vous donc chaque jour en vous fixant des objectifs simples et réalisables. Plus vous parlerez et plus vous ferez des progrès et gagnerez en contrôle sur votre parole (j’ai particulièrement aimé le petit « truc » des trombones pour comptabiliser ses réussites…). Le fait de parler plus et de devenir plus à l’aise en le faisant a de puissants effets secondaires. Cela augmente votre propre estime.

- Exercez-vous chaque jour. Il cite même Sénèque (excellente référence :-)) : « L’entraînement est le meilleur des précepteurs. » Tant que vos capacités d’expression ne sont pas solidement établies, incorporez dans votre programme quotidien un temps d’entraînement à la parole.

- Pratiquez la visualisation. Un conseil original dont je n’ai pas encore parlé sur ce blog. David rappelle que la visualisation est maintenant couramment utilisée dans le domaine sportif (l’hiver approche et les compétitions de ski vont commencer, allumez votre TV et observez ces skieurs qui, à l’arrêt et les yeux fermés, répètent leurs trajectoires) et qu’elle donne d’excellents résultats pour les joueurs de golf ou de tennis, par exemple. Il l’a testée sur lui-même et avec ses patients et témoigne des effets positifs qu’il a constatés.

- Il est important d’être convaincu de ce que l’on fait et d’avoir un état d’esprit positif. Il insiste sur la force de nos pensées. En gros : si vous pensez que vous allez vous planter… vous allez vous planter. Si vous pensez que vous pouvez réussir… vous mettez des chances de votre côté ! Alors, qu'est-ce que vous choisissez ?


Pour terminer, je voulais signaler que j’ai bénéficié pour ce chapitre de la relecture d’Anne-Marie Simon. Je la remercie d’avoir pris le temps de me faire des suggestions de correction. Pour traduire « fluency », elle m’a notamment soufflé d’utiliser le terme « fluence », plutôt que fluidité. Cette notion de « fluence » se retrouve en effet beaucoup dans la littérature orthophonique et il existe même à Paris V un DU « Bégaiements et troubles de la fluence de la parole », animé par le Dr Monfrais-Pfauwadel. Alors en route vers la fluence !

Laurent

P.S : et ne parlez pas tout seul devant votre écran, laissez vos commentaires !

Voici le début du chapitre de David A. Daly :

Comme la plupart des sujets qui bégaient, je me couchais chaque soir en priant pour me réveiller fluent et je découvrais chaque matin en me levant que mon bégaiement était toujours une réalité. Après plusieurs années de tentatives faites à contre-cœur, j’ai abandonné la thérapie et mes spécialistes de la parole. Découragé, accablé et déprimé, j’ai songé à me suicider ou à devenir moine dans un ordre religieux ayant fait vœu de silence. Je n’ai fait ni l’un ni l’autre. Au lieu de cela, j’ai avancé cahin-caha quelques années et j’ai réussi à passer le cap du lycée en choisissant soigneusement les cours qui nécessitaient peu ou pas de participation orale. Comme je me sentais plus à l’aise dans le cursus des pathologies de la parole, j’ai décidé de faire un Master dans ce domaine.


Durant mon stage, deux de mes patients se sont plaints au directeur du programme du fait que mon bégaiement était pire que le leur. Après les avoir réaffectés à d’autres praticiens, le directeur m’a demandé de consulter moi-même un spécialiste des pathologies de la parole. Etonnamment, cette personne m’a écouté quand je lui ai raconté mon rêve de devenir fluent (j’avais l’illusion qu’il était possible de le devenir parfaitement). Ce praticien n’a pas discuté ou essayé de me raisonner. Au lieu de cela, il m’a dit : « Je ne sais pas jusqu’à quel point tu peux devenir fluent; pourquoi ne pas travailler ensemble et voir ce qui se passe ? » Il ne m’a pas fait de promesses. Il ne m’a pas donné de garanties. Mais son attitude tranquille et pourtant résolue m’a convaincu d’essayer encore une fois la thérapie. Ses réponses honnêtes, rassurantes et sincères à mes questions réveillèrent les espoirs de succès depuis si longtemps enterrés au plus profond de moi. Rétrospectivement, je soupçonne cette confiance qu’il m’a inspirée d'avoir été à la base des progrès significatifs que j’ai connus ensuite. Vous trouverez ci-dessous quelques suggestions et conseils pour soigner votre bégaiement qui, je l’espère, vous inspireront et vous encourageront à poursuivre votre quête vers la fluence. Car il est possible d’améliorer votre fluence !


Retrouvez la suite page 23 du document pdf.

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