En cette période d’oraux, voici un article qui devrait en aider plus d’un. Alors que la plupart des personnes, qu’elles bégaient ou non, paniquent à l’idée de parler en public, John Moore en a fait une thérapie et se surnomme lui-même le “Présentateur Bégayant”.
“Durant de trop longues années, le bégaiement a étouffé ma voix et freiné ma progression. Il a fallu que je touche le fond pour que je décide que le bégaiement n’allait pas gérer ma vie. Au lieu de cela, j’allais gérer mon bégaiement. Cela signifiait que je n’allais plus laisser la honte et la culpabilité du bégaiement me réduire au silence. J’allais utiliser chaque technique apprise pour minimiser ma disfluence et rechercher activement des opportunités de prise de parole, même si je bégayais. C’était simple. Pour cesser de bégayer, je devais commencer à parler.”
Il a depuis fait un long chemin puisqu’il a été Directeur Marketing chez Starbucks, a écrit un livre “La Conversation Passion”, est devenu consultant et a donné plus de 250 conférences à travers le monde.
Dans le dernier numéro du magazine de la “Stuttering Foundation”, il donne ses 5 conseils pour parler en public.
1. Annoncez votre bégaiement. Ceux qui bégaient savent que le bégaiement survient lorsque vous essayez justement de ne pas bégayer. Nous dépensons tellement d’énergie mentale et physique pour ne pas bégayer que cela augmente notre anxiété lorsque nous parlons. Et cela génère du bégaiement. J’ai découvert qu’il était très utile de mentionner mon bégaiement au début de mes présentations. Non seulement cela désarme l’auditoire mais ça me donne aussi, moi le bègue, la liberté de bégayer sans honte.
2. Vous avez le contrôle. Dans la jungle des conversations impromptues, il y a de nombreuses embûches qui peuvent déclencher le bégaiement. Faire une présentation sur scène est la plupart du temps une conversation préparée. Vous, le bègue, avez totalement le contrôle. Vous avez le micro, vous avez la scène. Avoir le contrôle de la situation de parole peut nous libérer, nous bègues, de la peur de l’inconnu. L’inconnu peut nous mettre mal à l’aise et par conséquent nous faire bégayer davantage.
3. L’auditoire souhaite votre réussite. Quand ils font une présentation sur scène, les bègues doivent se souvenir que l’auditoire n’est pas là pour les chahuter ou rire à leurs dépens. Le public veut que vous réussissiez. De trop nombreux orateurs oublient cette bienveillance de l’auditoire.
4. L’auditoire vous portera plus d’attention. Il reconnaît l’importance de votre présentation. Un bègue doit avoir quelque chose d’important à dire, sinon il ne prendrait pas l’énorme risque pour lui de monter sur scène. L’auditoire comprend cela et j’ai découvert que les gens sont plus attentifs à mon message simplement parce que je bégaie.
5. Plus que ce que vous dites, c’est la manière dont vous le dites qui compte. Trop souvent, les bègues s’efforcent de coller mot à mot à la présentation qu’ils ont écrite. C’est le meilleur moyen de se planter. Si vous, le bègue, vous éloignez de votre texte, cela peut produire encore plus de bégaiement parce que vous luttez pour revenir au texte. Cette bataille peut augmenter l’anxiété, ce qui se traduit par plus de bégaiement. Au lieu de cela, j’ai connu le succès en me focalisant davantage sur ma présence et mon assurance sur scène que sur les mots que j’utilise. Quand je garde le contact visuel avec mon auditoire, que j’adopte une bonne posture, que j’ai une bonne gestuelle, etc. J’éprouve une plus grande fluence sur scène.
Dans l’article, John raconte aussi une jolie anecdote. Il explique qu’à la fin de certains de ses discours, des gens viennent le voir pour partager leur propre expérience du bégaiement. “Une fois, une mère m’a dit : ‘Merci, mon enfant bégaie’. Cela m’a fait pleurer et je l’ai prise dans mes bras. Je lui ai dit que son enfant pouvait mettre 20 ou 30 ans, voire plus, pour trouver sa passion et la manière de s’exprimer pleinement, mais qu’elle devait lui donner ce temps et l’encourager tout au long de son parcours.”
5 commentaires:
Bonjour mon grand Ami,Laurent. Content de revenir. Je serai aussi régulier sur ton blog et jinviterai plusieurs ici. Ça leur fera du bien comme ça m a faire du bien
Bonjour , je suis formateur dans divers domaines depuis 10 ans.
Après un problème de santé je commence à beguailler de plus en plus.
Que se soit en formation et en réunion.
J essaye de parler moins vite mais plus la journée avance et plus dure est l exercice. Je suis preneur de conseillés. Merci
Bonjour Franck,
Tu trouveras sur le blog différents conseils qui peuvent t’aider. Tu peux cliquer à droite sur la liste des articles publiés.
Le premier conseil que je pourrais te donner, de par mon expérience et des retours que j’ai eus, est d’avertir en début de formation que tu es susceptible de bégayer ou d’accrocher sur certains mots. Cela permet d’enlever une bonne partie de ton éventuelle appréhension et de la tension associée. Les choses seront aussi claires pour ton auditoire et cela évitera quelques haussements de sourcils ou manifestations de gêne.
Même si tu as des moments de bégaiement, cela n’enlève rien à ton expérience et à ta capacité à transmettre, cf le témoignage de Grant Meredith dans mon dernier post.
Laurent
Merci pour ces conseils, je suis bègue depuis 33 ans. Cela ne m'a pas empêcher d'avoir 2 Master en chimie des matériaux. Même s'il m'arrivait d'accepter qu'on me donne zéro pour des notes d'exposés. À mes soutenances je buvais de l'alcool pour mieux articuler. Ceux qui paraît bizarre quand on est bègue on peut lire même un encyclopédie s'il n'y a personne en face de nous sans bègailler. La chose la plus insurmontable que j'ai dû vivre tout au long de ma vie c'était de voir ma mère abattue de me voir parler ainsi. Le plus difficile c'était quand elle disait à la personne à qui je devais parler que j'étais bègue.
Merci pour ton témoignage et félicitations pour tes accomplissements ! Si tu souhaites travailler sur ta prise de parole sans alcool :-), j'espère que tu trouveras sur le blog des idées et des sources d'inspiration. Beaucoup de personnes qui bégaient parlent avec fluidité lorsqu'elles sont seules. Cela peut constituer une bonne base de départ pour analyser la différence entre le "parler seul" et en public. Quelles différences dans les émotions, dans les tensions du corps, par exemple ? Et ce qui est super, c'est qu'il n'est jamais trop tard pour faire des découvertes et avancer !
Laurent
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