6 déc. 2011

Orthophoniste "spécialisée en bégaiement", ça veut dire quoi ? Les réponses de Cécile et Sarah

Aujourd’hui, exceptionnellement, je vais arrêter de parler tout seul car c’est important pour ma santé mentale. Pour cela, je me suis fait aider de Cécile et Sarah, deux orthophonistes qui ont souhaité se spécialiser dans le traitement du bégaiement.

Pourquoi cette interview ? Il faut savoir que les élèves orthos étudient un grand nombre de pathologies de la parole et que le bégaiement ne représente qu’une quinzaine d’heures de cours durant leur formation. Certaines choisissent donc, après leur formation initiale, de compléter leurs connaissances sur le bégaiement et de se « spécialiser » dans ce trouble.

Mais finalement, on ne sait pas trop ce qu’est une ortho « spécialisée dans le bégaiement » et ce qui se passe dans son cabinet.

Je trouvais donc utile de pouvoir éclairer les personnes susceptibles de les consulter. Cécile et Sarah ont deux profils différents et cela m’intéressait de confronter leurs visions. Cécile est une ortho aguerrie, qui s’est beaucoup formée sur le bégaiement, est déléguée régionale de l’Association Parole Bégaiement et s’implique activement dans l’association. Sarah exerce en Suisse, près de Lausanne. Elle est logopédiste depuis seulement 5 ans et prépare le D.U « Bégaiement et troubles de la fluence de la parole ».

Toutes 2 sont membres de l’Association Parole Bégaiement, d’où les références faites à l’association. Ce n’est pas un coup de pub mais juste une réalité. L’APB permet aux orthos de retrouver de nombreuses thérapeutes qui font référence dans le monde du bégaiement et de s’enrichir au contact des enfants, ados et adultes qui bégaient.

L’exercice de l’interview est difficile et elles ont un peu hésité à me répondre. En tant que thérapeutes, elles n’ont pas la liberté de ton d’un blogueur et ne peuvent pas tout dire ou évoquer trop précisément leurs expériences avec les patients. L’idée n’est donc pas « Cécile et Sarah vont vous apprendre la vie et vous faire un cours magistral sur le bégaiement» mais plutôt « Sarah et Cécile vont vous faire partager, en toute humilité et dans une optique d’échange, leur vécu et leurs ressentis. »

Je les remercie de leur confiance et j’espère que leurs réponses permettront de mieux informer les parents d’enfants qui bégaient et les élèves orthos (qui sont de plus en plus nombreuses à vouloir faire leur mémoire sur le bégaiement et c’est une excellente chose !).

Voici les 5 questions que j’ai posées à Cécile et Sarah :

1. Pourquoi êtes-vous particulièrement attirées/intéressées par la prise en charge du bégaiement ?

2. Comment élaborez-vous votre programme thérapeutique et quels supports/techniques vous semblent les plus efficaces ?

3. Quelles sont, selon vous, les 2 ou 3 principales clefs de réussite d'une thérapie ?

4. Quels conseils donneriez-vous à une jeune ortho qui débute pour prendre en charge une personne qui bégaie ?

5. Si votre enfant bégayait, comment réagiriez-vous ?


1. Pourquoi êtes-vous particulièrement attirées/intéressées par la prise en charge du bégaiement ?

Cécile :
C'est au cours de mes études d'orthophonie que j'ai fait "connaissance" avec le bégaiement; la personne chargée d'enseignement à l'école d'orthophonie de Paris n'étant autre que Madame Anne-Marie Simon il me fut assez facile de plonger dans l'univers énigmatique de ce trouble de la communication pour tenter de l'apprivoiser... Trouble de la communication avez-vous dit ? Ca, ça doit être du ressort des orthophonistes...C'est en tout cas ce dont j'étais bien convaincue mon diplôme en poche. Les formations que j'ai pu suivre ensuite sont venues confirmer cela, voilà donc bientôt dix ans que je reçois des familles, des patients, et que nous essayons ensemble de trouver le meilleur chemin pour soulager la souffrance que le bégaiement induit ou faire en sorte qu'elle ne s'installe jamais. Ce n'est pas toujours chose aisée... mais c'est réellement passionnant!

Sarah :
Orthophoniste depuis 5 ans, j’ai eu, au cours de ces quelques années, des demandes concernant la prise en charge de bégaiement. Rapidement consciente de mes limites, j’ai été amenée à me former et ce fut une « révélation », qui s’est vue, depuis, renforcée par les différentes prises en charge que j’ai menées avec enfants et adolescents qui bégaient. Ce qui m’a attirée dans le bégaiement, c’est le rapport qui s’installe entre le patient et l’orthophoniste, cet échange, ce travail en équipe, cette recherche mutuelle qui va faire que petit à petit des solutions et des moyens vont nous apparaître en enrichissant chacun de ce que l’autre peut apporter. Enfin, le bégaiement, par sa complexité, implique un travail de recherche important et une remise en question constante.


2. Comment élaborez-vous votre programme thérapeutique et quels supports/techniques vous semblent les plus efficaces ?

Cécile :
Ce qu'on va mettre en place au cours de la thérapie se décidera en premier lieu avec notre patient, en étroite concertation, c'est ce qu'on appellera notre "contrat thérapeutique". C'est avec l'adulte, l'adolescent ou le jeune enfant que l'on recevra qu'il sera nécessaire de déterminer les objectifs à viser ou à atteindre et ceci en fonction du besoin, du désir et de l'attente de chacun. De ce fait on pourra être amené à travailler sur et avec des supports et techniques tout à fait différents d'un patient à l'autre. Certaines techniques pourront être proposées à tel patient mais pas nécessairement à tel autre... Certains exercices apporteront du mieux à l'un mais pas à l'autre...Les groupes seront ainsi un moment réellement attendu pour certains tandis qu'ils seront rejetés par d'autres...C'est le patient lui-même qui deviendra acteur dans ce programme à élaborer ensemble.

Il me paraît indispensable de signaler que la thérapie proposée en orthophonie, par des orthophonistes formé(e)s sur le bégaiement, ne se limite en aucun cas à des exercices d'élocution... Nous allons proposer au patient un travail sur la parole où la construction de la fluence alternerait avec la recherche d’une manière plus tranquille, plus facile de bégayer. H.Gregory le définissait ainsi : "marcher sur les deux côtés de la rue en même temps." (NB : Hugo Gregory est un célèbre thérapeute américain, qui a lui-même bégayé, et a notamment développé la technique de l’ERASM))

Les techniques utilisées pourront être par exemple l'ERASM, le bégaiement inverse, le bégaiement volontaire, un travail sur la prosodie, sur les pauses également, le fait de différer les réponses pour réduire la pression temporelle... Le tout étant d'amener le patient à entrevoir des changements qui se feront au fil du temps en acceptant aussi la récidive (rappelons la nature fluctuante du bégaiement).

Parallèlement et de façon progressive on alliera un travail basé sur unités linguistiques et situations de parole diverses et la recherche de l'affirmation de soi par le biais de diverses expériences (jeux de rôle, travail en groupe, mise en situation réelle hors du cabinet etc...).

Sarah :
C’est une question difficile, cela dépend vraiment de l’âge, du patient et de ses attentes et de notre propre ressenti. Je pense que le meilleur programme est celui auquel le patient adhère. L’approche va varier en fonction de l’évolution du bégaiement, je n’ai pas de recette toute faite mais certaines techniques se retrouvent régulièrement. Par exemple pour un enfant de moins de 5 ans on préfère une guidance parentale où les parents vont être réellement acteurs du changement. A partir de 6 ans, on pourra davantage utiliser le jeu, la musique, et pour les adolescents on envisagera les techniques motrices et les jeux de rôle plus rapidement.

Commentaire Goodbye Bégaiement : Contrairement aux idée reçues, le travail de l’orthophoniste ne se limite pas à des exercices d’élocution. C’est un véritable coach qui va mettre en place un programme personnalisé permettant au patient de travailler à la fois sur sa parole et sur les situations de communication qui le stressent.

3. Quelles sont, selon vous, les 2 ou 3 principales clefs de réussite d'une thérapie ?

Cécile :
Pour les enfants, les parents ont un rôle majeur à jouer et il me paraît important de les associer à la prise en charge ne serait-ce pour que le regard sur leur enfant change et pour que des modifications dans sa vie quotidienne puissent se réaliser (à la maison et à l'école). Il faut aussi redire que l’intervention précoce est capitale pour le tout petit enfant qui commence à bégayer... Et il faut que l'info passe encore et encore par l'oreille des pédiatres et médecins...

Ensuite, je pense que les personnes les mieux placées pour parler de "clefs de réussite" seraient en premier lieu les patients eux-mêmes, ceux pour qui les choses avancent, ceux pour qui la thérapie apporte un "mieux", un "plus facile à vivre", ceux qui se sentent peu à peu délivrés de ce bégaiement... et je crois aussi que ces clefs sont propres à chacun...

Quant au thérapeute il me semble primordial qu'il fasse preuve de beaucoup d'empathie vis à vis de son patient et qu'il parvienne à déterminer avec lui un programme reflétant ses désirs, ses aspirations et espoirs pour combattre ses souffrances engendrées par le bégaiement. C'est la volonté du patient qu'il faut pouvoir estimer, attention notamment à ne pas faire fausse route lors de la prise en charge d'enfants qui bégaient (ou d'adolescents) surtout si ces enfants ne sont pas prêts à entamer un travail et se retrouvent dans nos cabinets car ce n'est que la volonté de leurs parents...

Sarah :
Je pense que la relation avec le thérapeute est primordiale, s’il n’y a pas de feeling, c’est vraiment difficile. Se sentir en confiance, et oser ! Oser ensemble ! Je pense que si on ne prend pas de risque, on ne peut plus avancer. Les séances d’orthophonie doivent être ressenties comme une bulle où le patient se permet de croire qu’il est possible de communiquer sans bégayer, de parler de ses peurs, de lâcher prise. La remise en question de notre travail doit être constante. Malheureusement, à ce jour je ne détiens pas les clefs de la réussite….

Commentaire Goodbye Bégaiement : Evidemment, Cécile et Sarah n’ont pas un traitement miracle et universel à vous dévoiler aujourd’hui. Nous savons que les techniques sont nombreuses et doivent être adaptés au cas particulier de chaque patient. Je retiens deux idées importantes cependant : 1. la remarque de Cécile sur l’intervention précoce qui est essentielle mais ne sera efficace que si l’enfant en ressent le besoin ou le désir. 2. la notion de prise de risque et de lâcher prise évoquée par Sarah. Si vous ne vous lâchez pas dans le cabinet, vous ne le ferez certainement pas dehors ! « Se permet de croire qu’il est possible de communiquer sans bégayer » Jolie phrase, non ?

4. Quels conseils donneriez-vous à une jeune ortho qui débute pour prendre en charge une personne qui bégaie ?

Cécile :
Le conseil que je donnerais à une jeune ortho qui débute et s'intéresse au bégaiement ? Se former, se former et se former encore et toujours...pour mieux tenter de comprendre ce que vivent ses patients, ces tous petits, ces enfants, ces ados, ces adultes en réelle souffrance.

Pour ma part, je suis une « made in APB ». C’est au cours de mes études que j’ai découvert cette association. J'y ai très vite adhéré et c'est au contact des personnes qui bégaient, des familles d'enfants confrontés à cette difficulté que j'ai beaucoup appris... J’ai aussi pu y rencontrer bon nombre de thérapeutes formés sur le bégaiement et j'ai suivi plusieurs stages (notamment avec Anne-Marie Simon, Véronique Aumont-Boucand et Patricia Oksenberg). J’ai aussi à mon actif une formation avec Catherine Montgomery de New York (venue en France en 2003). Je continue bien sûr à me former et je rêve de pouvoir faire le stage intensif d’une semaine proposée par des orthophonistes.

J'essaie aussi de me documenter de façon régulière sur les articles, les recherches actuelles et je dois dire que les blogs et sites internet permettent de nos jours (vive le progrès !) d'avoir accès à de nombreux travaux et d'échanger sur le bégaiement. Les colloques organisés par l'APB représentent également un moment clé pour moi, l'occasion d'aller puiser de nouveaux regards, d'autres courants puisque des personnes, thérapeutes et autres, du monde entier y participent.
Sarah :
Je dirais tout d’abord se former et prendre contact avec les associations comme l’APB. Car le bégaiement est souvent abordé de façon un peu sommaire dans nos études; orthophonie et bégaiement ont moins de place qu’orthophonie et dyslexie. Pour aller plus loin, il y a bien sûr les formations mais aussi les échanges entre orthophonistes, les livres et les sites Internet comme celui l’APB ou les blogs comme le tien. L’avantage du web, c’est que nous pouvons côtoyer le bégaiement d’une manière plus vivante, on peut mieux percevoir le ressenti des personnes qui bégaient, essayer de les comprendre, avoir une approche plus « sentimentale » du bégaiement .Je vais suivre cette année les cours du D.U et j’espère que ce sera aussi une grande source d’informations.

Je lui dirais aussi de ne surtout pas laisser le patient et sa famille dans la souffrance.

Note Goodbye Bégaiement : bon, là, c’est la minute APB. Mais Sarah et Cécile en sont toutes deux membres et c’est normal qu’elles en parlent. Par ailleurs, en toute objectivité (si, si...), je dois avouer que permettre à des personnes qui bégaient et thérapeutes d’échanger au sein d’une association est une riche idée. C’est un excellent moyen pour mieux se comprendre, s’épauler et confronter ses expériences.

5. Si votre enfant bégayait, comment réagiriez-vous ?

Cécile :
Je suis réellement et profondément intéressée par ce que peut représenter le bégaiement, comment il est perçu, comment il est vécu. Et qu'est-ce qui peut à un moment donné faire qu'on s'en détache et qu'il devienne en quelque sorte une bête apprivoisable... Je crois comprendre de mieux en mieux dans quel désarroi peut se trouver quelqu'un qui bégaie et quelle souffrance il doit combattre lorsqu'il pousse la porte de mon cabinet. Même si depuis plusieurs années j'accompagne les parents dans leur cheminement avec leur petit enfant aux prises avec son bégaiement et même si je perçois leur peur, leurs craintes ou encore leurs angoisses il me paraît difficile de savoir ce que je ressentirais dans la même situation... Certainement une profonde inquiétude...

Avec ce que je sais des thérapies actuelles je crois que je dirais à mon enfant que j'ai perçu sa difficulté à s'exprimer, que son papa et moi allons l'aider et que, sans tarder je me dirigerais vers des thérapeutes spécialisés et compétents pour que le bégaiement ne sorte pas vainqueur!

Sarah :
Je contacterais l’APB pour obtenir les coordonnées d’orthophonistes formés dans ce domaine car, malgré mes connaissances en bégaiement, je pense qu’il est indispensable qu’un
professionnel extérieur à la situation familiale et non impliqué affectivement puisse apporter un regard et un questionnement pour nous aider à trouver des solutions pour notre enfant.

J’essaierais d’appliquer au mieux tous les conseils que je donne en tant qu’orthophoniste aux
parents car je crois en la guidance parentale et en la possibilité de trouver des solutions. Je
m’appuierais sur les échanges très riches que j’ai pu avoir avec les parents que j’ai accompagnés et qui ont montré cette capacité à faire face et à mettre en œuvre des changements ponctuels autour de l’enfant pour éviter la chronicisation du trouble.

*********** Fin de l’interview ************

Voilà ! J’espère que cet entretien permettra de comprendre un peu mieux comment sont formés et comment travaillent les orthos «spécialisés ». Cécile et Sarah ne promettent pas de guérir le bégaiement en 3 jours mais elles m’ont séduit par leur implication et leur enthousiasme. Elles sont ouvertes au dialogue, se documentent, se forment sans cesse et sont vraiment passionnées par ce qu’elles font ! Et bonne nouvelle : il y en a d’autres comme elles ! J’en profite pour faire un petit coucou à celles qui m'ont réconcilié avec l'orthophonie ;-) et pour lancer les invitations si elles souhaitent aussi s’exprimer sur ce blog.

Un grand merci à Cécile et Sarah pour s’être prêtées à l’exercice. Si vous avez envie de leur poser d’autres questions, n’hésitez pas !

Laurent

16 commentaires:

La maman de Nathan a dit…

Merci beaucoup pour cette interview vraiment très intéressante, qui permet de mieux comprendre comment travaillent les orthophonistes.
En ce qui concerne la dyslexie, c'est clair qu'il y a beaucoup plus d'infos sur la dyslexie, de formations autour de ce trouble là que sur le bégaiement, finalement.
Pour nous (parents d'un enfant qui bégaie), s'est posé le problème de l'accès au soin ; nous faisons 5h de route (aller-retour) pour aller consulter cette orthophoniste, parce que dans les départements ruraux, il y a peu d'orthophonistes spécialisées... C'est aussi un choix assumé de préférer aller sur une agglomération plus importante. Notre ortho est une "passionnée" du bégaiement, cela se sent parce qu'elle nous parle de ses actions en tant que formatrice avec enthousiasme. Elle s'est formée auprès du professeur Le Huche.

Anonyme a dit…

bonjour
merci pour ces témoignages très éclairants pour le public! mais j'avoue que ça ma chatouille quand même donc en tant qu'orthophoniste qui prend en charge cette pathologie je me permets de commenter
j'ai du mal avec le terme ortho "spécialisée". Nous nous battons justement pour l'orthophonie plurielle, pour éviter la spécialisation. Je sais aussi que les parents et familles des patients , les associations de patients aimeraient un annuaire des orthos qui prennent en charge telle ou telle pathologie et je le comprends. Mais ce n'est pas possible!!! Qui pourrait dire un-e-tel-ll-e est formé- e l'autre pas? Par qui? comment? Qui tiendrait cela à jour? ce n'est malheureusement pas possible.
bon courage à tous

Cédric a dit…

Un grand merci Laurent. Cette idée d'interview d'ortho "formés au bégaiement" (j'ai bon mesdames ?)me trottait en tête depuis quelques temps. Tu l'as concrétisée, c'est excellent !

Pour répondre au commentaire anonyme ci-dessus, moi de mon côté j'ai beaucoup de mal avec ce débat hypocrite de comment savoir si tel ou tel est formé. Dans d'autres pays francophones comme le Canada ou la Belgique, ce débat n'a pas lieu, les annuaires des spécialisations sont disponibles publiquement. Les réponses à vos questions figurent dans l'interview et tiennent quasiment en trois lettres : A.P.B. ! Pourquoi pas totalement ? Car l'A.P.B. semble contrainte à ne proposer que des noms parmi ses adhérents, ce qui, en apparence, garantit suelement que l'orthophoniste s'intéresse au bégaiement. Mais comme la plupart des "formateurs complémentaires" adhèrent à l'A.P.B.... ;)

Laurent je ne t'en voudrais pas de me censurer si tu crains que ça dérape. Ici je parle en tant que bloggeur avec ma liberté de ton.

Encore merci à toi Laurent pour cette interview.

Cédric a dit…

Et merci aussi à Cécile et Sarah évidemment.

Et j'ai zappé de dire "bonjour" à Anonyme... :/

Hélène S a dit…

Bonjour !
Je suis orthophoniste depuis 3 ans, et j'ai fait une "petite" formation supplémentaire qui m'aide à recevoir les personnes qui bégaient.
Pour revenir sur le débat de la spécialisation, je pense que la déontologie des orthophonistes suffit : si l'un d'entre eux ne se sent pas capable, suffisamment formé et expérimenté, pour recevoir une personne qui bégaie, il donnera le nom d'un orthophoniste qui l'est. Les orthophonistes se forment constamment au cours de leur vie professionnelle, les 4 ans d'études ne suffisent pour aucune des pathologies que nous rencontrons. En toute logique, comme l'APB et les "pros" du bégaiement continuent leur travail de formation auprès de nous, plus ça ira, plus il y aura d'orthophonistes compétents ! Mais la principale formation continue, c'est le partage que nous avons avec les patients... Merci, et bon courage à tous.

Alexandre a dit…

Merci pour ces interviews.

Je suis comme toujours choqué de ce voeu pieux que de l'ortho pluridisciplinaire. La grande majorité des orthos choisissent de prendre en charge ou non tel ou tel type de pathologie. Le nier et prendre en charge une personne bègue sans les connaissances adéquates revient à flouer ces personnes qui bégaient.

Quant à cette mythique liste d'orthophonistes formés que posséderait l'APB, je qualifierais plutôt cette liste comme d'une liste de copines orthos qui se refilent des patients. "Et si tu n'adhères pas à l'APB, t'es pas ma copine !". Je n'en dirais pas plus tant mon énervement quant à cette situation scandaleuse que l'APB maintient tout à fait volontairement est grand.

Laurent L. a dit…

Désolé mais je viens de découvrir que Blogger ne m'informe plus des nouveaux commentaires !
Sincèrement (naïvement ?), je ne pensais vraiment pas que le débat prendrait cette tournure. Il y aussi de nombreux échanges sur la page Facebook du blog au sujet de cette "spécialisation". Le mot était peut-être mal choisi dans le contexte actuel. Finalement, j'ai reçu un message de Christine, ortho APB à Lille, qui fait une proposition qui me va bien. La voici :
"Ahlàlà, mon pauv' monsieur, j'me disais bien que ça allait grincer des dents dans les chaumières z'orthophoniques...faut dire qu'en ce moment, le sujet de la "spécialisation" est très délicat, et que la non spécialisation est le cheval de bataille des syndicats qui tentent de défendre la profession.
On peut dire que ton post tombait soit à pic, soit très mal pour évoquer le sujet. Ceci dit, j'ai bien tout lu, tu prends bien soin de mettre des guillemets à "spécialisées"...
Peut-être (comme pour préférer "personne(s) qui bégaye(nt)" à "bègue") faut-il trouver une formulation plus efficace, je propose "passionnées par le travail avec les personnes qui bégayent" ce qui donne PPTAPQB, pas mââââl, non? façon ch'ti ça donne "ben, pâssionné quô!". et voilàààà, plus de grincements de dents! Christine.

Alors un grand coucou à toutes les "PPTAPQB" !

Laurent

Sarah (l'interviewée) a dit…

Je pense qu'on ne voulait pas rentrer dans la discussion M1 M2, on n'y a même pas pensé.(je n'exerce pas en France), .....et encore moins pensé que certaines orthos sont meilleures que d'autres loin de là notre idée, on ne s'autoproclame ...pas du tout spécialistes!!!. le but était de montrer des orthos prenant en charge le bégaiement, je comprends tout à fait vos soucis de diplômes. mais avant de me former je ne faisais pas du tout le même travail avec les patients bègues, toutes les orthos peuvent prendre toutes les pathologies c'est la base de notre formation, mais je pense que nous avons besoin de formations complémentaires tout au long de notre pratique pour prendre certaines pathologies, par ex je ne prendrais pas de dyscalculie n'étant pas assez formée,je sais que je pourrais les prendre mais pour mes patients, je préfere les orienter vers qqun de plus formé que moi. C'est le choix de chacun et le libre arbitre des orthos de refuser ou non.

Olivier a dit…

Pour les personnes pas du tout au fait de l'orthophonie spécialisée dans le bégaiement, c'est très bien, ça permet d'avoir un aperçu...

Mais, personnellement, dans cet article, je n'ai absolument rien appris de neuf. Seul passage qui éveillé un peu mon intérêt, c'est celui des pratiques et des méthodes.

Cécile et Sarah ont-elles un avis particulier, un conseil pour les adultes qui comme moi, ont fait des années d'orthophonie pour des prunes (et qui ont toujours un peu de rancoeur, comme vous le sentez dasn ces lignes), MAIS qui envisagent d'y retourner en voyant les progrès effectués dans la prise en charge et la compréhension des conséquences psychologiques ?

Cécile (l'autre interviewée) a dit…

Le but de cette interview n'était bien évidemment pas de soulever une polémique...vous vous en doutez bien... et encore moins d'étaler un savoir ou un palmarès quant à nos compétences qui demeurent, comme certains l'ont parfois souligné dans leurs différents commentaires, tout à fait subjectives...en tout cas pour le patient ou la famille d'un petit enfant qui frappe à la porte de notre cabinet. Je rappelle que le bégaiement est inscrit dans le décret de compétences des orthophonistes et que chaque orthophoniste a donc la liberté de recevoir quelqu'un confronté au bégaiement et de lui proposer une prise en charge. Le point sur lequel je tiens à insister demeure à mon sens essentiel: à l'heure actuelle, et je le vois très fréquemment en premier lieu dans ma région, de nombreux orthophonistes se disent eux-mêmes insuffisamment "formés" pour proposer un suivi orthophonique...lorsqu'ils décrochent leur diplôme. Je suis, pour ma part, de cet avis. Voilà dix ans que je travaille sur le bégaiement et je reste convaincue, malgré des formations complémentaires, que le bégaiement a encore beaucoup de choses à m'apprendre... Mais je rebondis pour dire que le complément de formations reste indispensable pour toute pathologie que nous traitons quelle qu'elle soit bien évidemment.
La prise en charge du bégaiement nécessite des connaissances spécifiques et je reste persuadée que les orthophonistes disposent de qualités indéniables pour répondre à la demande des personnes qui bégaient lorsqu'ils s'en sentent capables.Le terme employé par Laurent (pardon Laurent...mais je sais que tu ne m'en voudras pas) à savoir "spécialisé" n'était absolument pas le bon!... j'utiliserai celui de "formé" qui ne me plaît guère je l'avoue...mais qui semble être plus adéquat peut-être.
Cécile

Cécile (l'autre interviewée) a dit…

@Olivier : Ravie, Olivier, d'avoir éveillé ne serait-ce qu'"un peu "d'intérêt chez toi à la lecture de cette interview...qui rappelons-le (n'est-ce pas Laurent?) se voulait assez "généraliste" si mes souvenirs sont bons...? L'objectif, pour moi (je ne parlerai pas pour Sarah évidemment) était de faire passer le message CAPITAL d'une intervention la plus précoce possible chez le petit enfant qui se met à bégayer. Le but n'était en auccun cas de faire valoir un discours scientifique...je n'en ai malheureusement pas les compétences...
Les années passées à vivre avec le bégaiement ont sans aucun doute été lourdes de conséquences Olivier et je comprends bien que tu puisses parler de "rancoeur"; le suivi qui t'a été proposé jusqu'ici en orthophonie n'a peut-être pas répondu à tes attentes, à tes espoirs... mais je suis certaine que ce travail a amené des choses, ou a simplement ouvert un chemin... te donner des conseils...je voudrais tant pouvoir le faire...il faudrait que j'en sache davantage sur toi, sur ton histoire. Je suis en tout cas convaincue que désormais les orthophonistes peuvent proposer des thérapies adaptées au souhait des patients qui bégaient et que cette prise en charge qui prend en compte les aspects et le retentissement psychologique, qui traite de la relation à l'autre, de la considération et de l'estime de soi, des habiletés de communication peut-être une aide véritable pour aller vers un "mieux être" et sortir peu à peu du bégaiement.
Bon courage Olivier

Olivier a dit…

Merci Cécile pour ta réponse.
Mais ça ne répond pas à ma question.

Je n'émets pas de jugement, j'espère que vous le prendrez ainsi, mais le manque de détail rend vos réponses un peu "bateau".

J'ai conscience que mes interventions sur ce post donnent l'impression d'être un troll ou de "chercher la petite bête" - j'en serais le premier désolé car ce n'est pas mon intention.

Mais je reste un peu ma faim après lecture d'un post aussi prometteur sur un blog de qualité.

Laurent L. a dit…

@Olivier : n'essaie pas la flatterie, ça ne marchera pas. Pour moi, Cécile a répondu à ta question et elle ne peut pas aller plus loin sans rentrer dans la personnalisation. Quant au contenu de l'article, c'était plutôt une vulgarisation pour le grand public. C'est normal que cela ne t'apporte rien que tu saches déjà, étant donné ton excellente connaissance du bégaiement et la qualité de ton blog. :-))

Christine a dit…

Pour ma part, ce qui m'a fait plonger dans la marmite bégaiement c'est que cela concerne TOUS les aspects de notre métier: depuis les éléments les plus techniques de la production de la parole jusqu'à la communication dans son sens le plus large de relation au monde. On ne peut faire cet accompagnement à moitié, de l'autre côté du bureau, bien cachées derrière papier-crayon, il faut s'impliquer, se remettre en question, chercher avec les personnes la solution la mieux adaptée à leur situation.
Avec les petits, leurs parents, leurs frères et soeurs on cherche une éducation respectueuse et sans pression pour vivre ensemble du mieux possible. Avec les enfants et les ados, on dédramatise, on prévient les attitudes de retrait de la communication, on renforce l'estime de soi, tout en apportant de la technique. Avec les adultes enfin, on écoute, on cherche leur voix, on s'essaye à une parole confortable, on réfléchit encore et encore à l'aide la plus adaptée...et surtout, on en rit avec eux, le plus possible, le plus vite possible.
Je pourrais en parler encore longtemps, ce n'est qu'un bref aperçu...

ana a dit…

Je me lance dans la bataille au sujet des fameuses "listes" de l'APB, qui sont surtout des listes de membres en fait...quand j'étais étudiante et adhérente une maman m'avait contacté de la part de l'APB pour une rééducation!

Et pour répondre au troll...
C'est justement pour des gens comme toi, curieux, informé, en plus de leur passé de bégaiement, que c'est encore plus essentiel de nous former!
Moi je vois l'expérience et la formation (toutes patho confondues) comme un façon d'être de plus en plus flexible face au patient, et d'avoir tout un tas de possibilités d'adapter la rééducation...
(et ne pas vivre sur ses acquis, continuer à tout remettre en question...je me rends compte que plus j'avance...plus je m'en pose...)
J'avoue que selon les personnes et les pathologies, on tombe parfois un peu à côté, mon challenge perso c'est de remonter en selle et de trouver où agir pour aider la personne en face de moi!

J'ai surtout l'impression que les orthos que tu as eu auparavant t'ont fait subir leur rééducation...et pas forcément "construit la rééducation avec toi"...mais est-ce pour autant que tu n'en a rien retiré du tout??? Étais-tu mûr pour à ce moment?
Les connaissances que tu as acquis ces dernières années ont du poids c'est sûr, et forcément, tu n'arrives pas neutre dans un cabinet, mais tant mieux! Au lieu de te cacher derrière, sois en fier, partage-les et sers toi-en pour avancer!

Allez Olivier, sors de ta grotte et va montrer ton iceberg!Tu rendras un(e) ortho heureux(-se?)...

Laurent L. a dit…

Merci pour ta contribution au débat Ana. "Plus j'avance, plus je me pose de questions..." C'est plutôt sain comme comportement et, confidence pour confidence, c'est aussi vrai pour la personne qui bégaie :-)

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