23 nov. 2010

Voyage d'une mère au pays du bégaiement

Je viens de finir de traduire un texte écrit par la mère d’un enfant qui bégaie et je voulais vous le faire partager. Cette maman, Gerrie, raconte comment elle a vécu le parcours de son fils au pays du bégaiement, comment elle l’a accompagné et les réflexions que cela lui inspire. Elle cite ainsi 13 conseils qui lui ont été utiles et qu’elle souhaite partager avec d’autres parents d’enfants qui bégaient.

Les mères et les pères sont souvent désemparés lorsqu’ils doivent faire face au bégaiement de leur enfant. C’est un trouble bien mystérieux, souvent déroutant et il est difficile pour un parent de savoir quelle attitude adopter et comment aider son fils ou sa fille. L’inquiétude est également grande avec deux questions récurrentes. Est-ce qu’il y a des solutions ? Quelle influence le bégaiement aura-t-il sur son adolescence et sa vie d’adulte ?

J’espère que cet article rassurera les parents qui se posent ces questions et qu’ils seront réconfortés par la conclusion très positive de Gerrie, que je partage entièrement. Quelle est cette conclusion ? Que toute la famille sort finalement grandie de cette aventure. Ca vous surprend ? Bah, pas moi ! Je suis en effet convaincu que le travail sur son bégaiement peut être une très belle aventure et une vraie opportunité de développement personnel. J’aime d’ailleurs beaucoup le proverbe chinois qu’elle cite : « Bonnes nouvelles, mauvaises nouvelles, qui peut savoir ? »

Alors voilà, comme promis sur le blog, « un peu d’aide et d’optimisme pour les enfants qui bégaient et leurs parents » ! Il s’agit d’un extrait de la traduction. Si l’article complet vous intéresse, le lien vers le PDF est ICI.

Bonne lecture.

Laurent


Le voyage d’une mère au pays du bégaiement

par Gerrie Nachman
Source : The Journal of Stuttering Therapy, Advocacy and Research (2006)

(Extrait)


Mon engagement personnel dans la communauté du bégaiement, soutenu en de maintes occasions par la sagesse et la compétence des orthophonistes, a sans doute influencé profondément mon parcours en tant que parent d’un enfant qui bégaie. Je me rappelle et j'utilise encore fréquemment les leçons et la sagesse que l'on m'a fait si généreusement partager. Voici quelques unes de mes réflexions favorites, en espérant que vous les partagerez et les utiliserez :


 Les gens qui bégaient sont susceptibles de bégayer davantage lorsqu’ils sont chez eux (ils sont plus libres de le faire) que lorsqu’ils sont à l’école, au travail ou plus généralement « avec les autres ».

 L’objectif c’est la communication, pas l’élimination du bégaiement.

 Le bégaiement va et vient, sans raisons apparentes

 Il faut aider les parents à trouver d’autres parents qui ont des enfants qui bégaient – personne d’autre ne les comprendra mieux. Rien n’est plus libérateur que de savoir que d’autres parents ont été confrontés et ont répondu aux mêmes questions, et qu’ils l’ont fait avec humour et compassion.

 Chaque enfant qui bégaie devrait connaître un autre enfant qui bégaie

 Chaque enfant qui bégaie devrait connaître au moins un adulte qui bégaie qui a confiance en lui et fait preuve d’assurance.

 Il faut encourager les familles à s’entourer de personnes qui valorisent la communication et écoutent réellement ce que les gens ont à dire, peu importe le temps que ça leur prend pour le dire.

 Les parents doivent éduquer les enseignants et les éducateurs sur le sujet du bégaiement et se faire l’avocat de leurs enfants à l’école.

 Il faut aussi encourager et rassurer les parents pour qu’ils laissent leurs enfants naviguer par eux-mêmes et trouver la signification du bégaiement ; permettez à vos enfants de développer leur propre point de vue sur le bégaiement sans l’influencer par votre propre perspective.

 Les parents devraient travailler en coulisses – ne faites pas du bégaiement de votre fils une exhibition publique.

 Il faut aider les parents à savoir que ce qui compte vraiment est ce que dit leur enfant – et si leur enfant veut parler et que les mots sortent difficilement, c’est que ce qu’il dit a encore plus de valeur et de signification.

 Il faut inciter les parents à conserver et partager une liste des qualités que leur enfant possède et qu’ils trouvent vraiment formidables et charmantes. J’ai toujours fait cela et pas seulement parce que mon fils bégaie. Quand je réfléchis à la résilience et à la solidité de mon fils, je suis sûr que ma liste (à laquelle j’ajoute une qualité à chacun de ses anniversaires) a été un plus.

 Aidez les parents à comprendre qu’il est probable que leur enfant continuera à bégayer à l’adolescence et à l’âge adulte, et que cela ne l’empêchera pas d’aller bien, quoiqu’il arrive avec sa parole.

Enfin, je veux partager avec les parents ma croyance que l’expérience d’être une personne qui bégaie peut être un véritable cadeau. Cela développe l’empathie, le courage, l’acceptation de soi et la détermination. Réfléchissez au proverbe chinois « Bonnes nouvelles, mauvaises nouvelles, qui peut savoir ? » Avec le temps, mon fils a développé une détermination obstinée à vivre sa vie comme il l’entend et à ne pas laisser le bégaiement le définir ou le limiter. Il est également plus compatissant que les autres membres de la famille et plus courageux. Il s’accepte mieux et il est un meilleur communiquant.

Pour mon mari et moi-même, être les parents d’un enfant qui bégaye nous a donné très tôt l’occasion de comprendre que nous ne pouvons pas contrôler tout ce qui arrive à notre fils, une leçon que la plupart des parents finissent un jour par apprendre. Nous nous sommes aperçus que, durant notre parcours de parents d’un enfant qui bégaie, nous nous sommes progressivement relâchés et avons accepté le bégaiement de notre fils. La vie de tous les jours nous semble désormais plus simple et plus facile, même si la parole ne l’est pas toujours.

Traduction Laurent Lagarde - novembre 2010

Lien vers l'article complet

2 commentaires:

Vanessa maman d'un enfant qui bégaie a dit…

Merci encore pour cet article très libérateur en tant que maman d'un enfant qui bégaie.
Merci d'avoir pris le temps de traduire cet article, il semble que les choses bougent beaucoup outre atlantique!
C'est très dur pour une maman d'accepter que l'on ne peut pas contrôler certaines choses chez notre enfant, mais une fois ceci de réalisé, le chemin peut mieux se faire.

Anonyme a dit…

merci, ça permet de voir une vue d'ensemble en se décollant le nez de l'émotion.

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