3 nov. 2010

Histoire d'un bègue : vers une parole plus libre

Après avoir laissé avec plaisir (apparemment partagé) la parole à Aliocha, me voici de retour avec un nouveau chapitre du livre «conseils pour ceux qui bégaient» (advice to those who stutter). Celui-ci a été rédigé par Frederick P. Murray, un personnage important dans la littérature sur le bégaiement. C'est en effet lui qui a écrit «histoire d'un bègue», un livre qui semble avoir marqué pas mal de bègues (mais que je n'ai pas eu la chance de lire, si quelqu'un veut me le prêter, je suis preneur !). Olivier l'a lu, lui, et l'a déjà très bien présenté sur son blog, je vous renvoie donc vers son article.

Les travaux et conseils de Frederick Murray ont souvent été repris par les spécialistes du bégaiement. Il est par exemple cité plusieurs fois dans l'ouvrage de Malcolm Fraser, «auto-thérapie pour une personne qui bégaie» (cf ma section téléchargement). Il a également enseigné dans le domaine des sciences et troubles de la parole et semble avoir marqué ses étudiants, si j'en crois ce témoignage trouvé sur le net : "Le Dr. Murray était un véritable ami pour ses étudiants. Il était gentil, respectueux et a vraiment changé la vie de ceux qui ont eu la chance de le rencontrer."

Son approche pour surmonter le bégaiement peut être résumé par cette phrase : "Votre tâche est double : changer votre façon de parler et mettre en oeuvre des changements positifs dans vos sentiments ainsi que dans la perception que vous avez de vous-même." Grâce à la traduction de Richard Parent, vous allez avoir la chance de bénéficier d'un cours particulier avec cet éminent professeur.


Autre chance, et pas des moindres : il existe une vidéo très récente de F. Murray, interviewé en juillet 2010 à la conférence annuelle de la National Stuttering Association. Si vous voulez entendre par vous-même un bègue «guéri» et constater que je ne vous raconte pas des bobards, cliquez sur ce lien. Même si vous ne comprenez pas l'anglais, vous pourrez apprécier la fluidité du bonhomme. Voilà qui devrait vous motiver pour suivre ses conseils !

Bonne lecture !

Laurent


Voici le début du chapitre de Frederick P. Murray :

Avant de pouvoir améliorer votre parole, je vous suggère de vous livrer à un travail préliminaire du côté de la pensée constructive et positive. Si vous voulez vous engager avec succès sur la route qui mène à une meilleure fluidité, votre motivation pour améliorer votre parole est de la plus haute importance. Je vous encourage donc à faire appel à toutes les ressources que vous avez en vous ou à celles que vous pouvez trouver auprès de la religion, de vos amis ou des livres, puis de les utiliser à cette fin.
En effet, la foi en vous-même et la coopération avec les autres sont vitales pour vous engager au mieux dans la voie de l’amélioration.

N’espérez pas une solution rapide à des années de bégaiement confirmé. De nombreuses personnes qui bégaient font l’erreur de croire qu’une cure rapide serait à portée de main si seulement on trouvait la "cause" du bégaiement. Croyez-vous vraiment que le feu qui consume une maison va s’éteindre de lui-même simplement parce qu’on trouve dans un champ adjacent l’allumette l’ayant causé ? À des stades avancés, le bégaiement, tout comme le feu, s’auto-perpétue. Il se nourrit de lui-même. En effet, la peur des mots et des situations de parole ne font que l’intensifier. Pas de doute, vous aurez besoin d’affronter, de vous confronter et de travailler sur votre problème. Cela exigera de vous de réels efforts car des réactions motrices fortement conditionnées ne peuvent se modifier que par l’action, pas par la pensée.

Plusieurs d’entre vous ont entendu parler des merveilles de l’hypnose et pourraient bien se tourner vers cette technique, en espérant une guérison rapide. Soyez assurés que cette piste, depuis longtemps explorée, s’avère presque invariablement une solution de courte durée. Il ne sert à rien d’ériger une résistance à ces innombrables menaces qui vous hantent actuellement lorsqu’il s’agit de votre communication orale. Votre habileté à composer avec ces facteurs s’installera graduellement, au fur et à mesure que vous modifierez à la fois votre comportement de parole et vos attitudes personnelles, ainsi qu’à la faveur des ajustements personnels qui s’imposeront pour vous permettre d’assumer ce nouveau rôle et cette identité renouvelée qui découleront d’une parole améliorée. C’est la même chose pour un homme obèse qui tente de perdre une centaine de livres. Pour y arriver en toute sécurité, il doit le faire à un rythme que son cœur et son corps pourront supporter. Si cela se produit trop rapidement, des rides profondes apparaîtront et, dans des cas extrêmes, il pourrait bien s’effondrer suite à ce changement radical imposé à son organisme. En effet, le corps a besoin de temps pour intégrer chaque niveau de perte de poids. Il en est de même pour la personne qui bégaie qui doit s’ajuster à une fluence améliorée. Alors soyez tolérant envers vous-même pendant votre processus de rétablissement. N’espérez pas l’impossible dès le départ ! Aucune loi ne vous oblige à toujours soulever l’extrémité la plus lourde du rondin.

À en juger par les douzaines de personnes qui bégaient que je connais ayant atteint un degré enviable de rétablissement, aucune d’entre elles ne prétend être totalement fluide tout le temps. Autrement dit, toutes admettent des moments occasionnels de parole hésitante et de bégaiements résiduels. Et même des personnes n’ayant jamais bégayé affirment que cette description s’applique également à leur parole. Il arrive même que des personnes qui bégaient atteignent une telle amélioration que leur habileté pour parler excède celle du locuteur moyen. Alors, gardez la tête haute !

Votre but ultime, peu importe le chemin emprunté pour l’atteindre, consiste à vous convaincre que vous pouvez vous exprimer dans les situations de communication orale. C’est tout le contraire que de se dire qu’on ne peut pas réussir dans ces situations puisqu’on ne peut pas parler. L’important, c’est que cette conviction soit suffisamment profonde pour se refléter automatiquement dans vos émotions et vos sensations. N’oubliez pas : (1) notre parole est le reflet de notre état d’âme du moment présent et (2) on peut modifier nos émotions.

Pour vous aider à atteindre votre objectif, les conseils que je vous donne ci-après vous fourniront des informations susceptibles de vous aider.

Pour lire la suite, cliquez-ici pour ouvrir le document PDF.

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