Bégayer est une situation assez exceptionnelle qui fait de vous un être à part. Cela peut même s’avérer très pratique dans certains cas. Mais attention ! Bégayer demande une vigilance constante et un travail de tous les jours ! Il est donc tout à fait compréhensible de vouloir peaufiner votre bégaiement pour le renforcer autant que possible.
Si, vous aussi, vous voulez devenir un expert mondial du bégaiement, voici quelques conseils très utiles. Je m’adresse aussi à ceux qui ne bégaient pas encore et seraient tentés par l’aventure.
Ne me remerciez pas, ce blog a la vocation de balayer toutes les façons d’appréhender son bégaiement. Prêts ? Allons-y !
Conseil n°1. Dites vous bien que c’est de votre faute si vous bégayez. C’est un choix que vous avez fait depuis tout petit. Alors, c’est bien fait pour vous ! C’est votre fardeau, il fallait y réfléchir avant. D’ailleurs vos parents sont aussi responsables. Ils vous ont mis trop de pression et n’ont pas su vous aider. Surtout votre mère.
Conseil n°2. Ne dites surtout pas que vous bégayez ! C’est un secret trop lourd et trop honteux pour être partagé. Dites vous bien que personne ne peut vous comprendre et que tout le monde vous rira au nez si vous en parlez.
Conseil n°3. Ne perdez jamais de vue que bégayer est la pire des hontes. Faites tout votre possible pour dissimuler votre bégaiement. Evitez donc soigneusement les mots et les situations sur lesquels vous pensez bégayer. Tout est préférable au bégaiement. Il est important de concentrer toutes vos pensées et toute votre énergie sur cela.
Conseil n°4. Forcez le plus possible. Dès qu’un blocage survient, contractez au maximum vos abdominaux, vos mâchoires et votre gorge et serrez bien vos lèvres. Vous devez faire en sorte qu’aucun son ne puisse sortir de votre bouche.
Conseil n°5. Détournez le regard lorsque vous bégayez de manière à bien couper la communication. Cela montrera aussi à votre interlocuteur que quelque chose d’extrêmement grave et honteux est en train de se produire.
Conseil n°6. Couchez-vous tard, dormez peu et efforcez-vous d’être malade aussi souvent que possible. Une bonne fatigue et une mauvaise hygiène de vie sont de bonnes alliées pour votre bégaiement. Attention ! Il ne faut pas être non plus trop fatigué car vous risquez de ne plus avoir suffisamment de force pour bégayer (cf conseil 4).
Conseil n°7. Ne prenez surtout pas de risque. Souvenez vous de cette petite sotte dans Barbe Bleue : on lui avait pourtant bien dit de ne pas ouvrir cette porte ! Vous pourriez même être déçu et découvrir que vous arrivez à communiquer avec ou sans votre bégaiement. Vous pourriez aussi vous apercevoir que les situations qui vous terrifiaient vous font de moins en moins d’effet avec le temps. Vous pourriez être amené à relativiser les choses, à gagner en confiance et, horreur, à peut-être prendre goût à communiquer !
Conseil n°8. Assurez-vous que tous vos choix et décisions sont bien dictés par le bégaiement. C’est essentiel. Choisissez des études, un métier et des activités où parler n’est pas nécessaire (rédacteur de blog, par exemple), choisissez pour vos enfants des prénoms que vous pourrez sortir, refusez toute promotion où il vous faudrait parler davantage. Déménagez dans une ville dont le nom ne commence pas par P ou B (ou E, ou A, ou C ou….). Idem dans la vie de tous les jours (choix de vos conversations, des plats que vous commandez…). Laissez votre bégaiement prendre les choses en main. Il est votre maître, votre guide, votre gourou : il sait ce qui est bon pour vous et il agit pour votre bien. Soyez en convaincu.
Conseil n°9. Dites vous que vous êtes bègue à vie et qu’aucune solution n’existe. Inutile donc de vous documenter ou d’écouter ce que disent ceux qui prétendent s’en être sorti. Soit ce sont des imposteurs, soit ils étaient beaucoup moins atteints que vous. Répétez-vous aussi régulièrement que chaque bégaiement est différent et que ce qui a marché pour un autre ne pourra en aucune façon vous aider.
Conseil n°10. Sans doute le plus important : bannissez toute forme d’humour et de dédramatisation. Le bégaiement est quelque chose d’extrêmement grave et il serait indécent d’en sourire ou de verser dans l’auto-dérision. Il y a des choses avec lesquelles on ne rigole pas !
Voilà. Si vous suivez bien tous ces conseils, vous êtes sûr de réussir à conserver votre bégaiement, qui est, rappelons-le, ce que vous avez de plus précieux. Encore une fois, ne me remerciez pas, c’est cadeau. J’en oublie certainement. Si vous voulez compléter la liste, n’hésitez pas.
Laurent
7 commentaires:
C'est exactement ce que je fais et mon bégaiement se porte comme un charme. Il est toujours bon de rappeler ces quelques conseils. Merci pour ce blog ! Et son humour ! ;)
Phil
Merci Phil, on va faire breveter la méthode et organiser des stages de bégaiement. Ca devrait cartonner !
Génial !
Bravo pour cet article qui a le mérite d'être plein d'humour, sans manquer de fond.
Je pense que nous sommes nombreux à nous être reconnus dans certains points (pas tous les points j'éspère :-D ).
Bonsoir,
Moi je suis d'accord avec tous les conseils a part le 1..C'est pas de notre faute, ni de notre chère mère :D
"Conseil n°6. Couchez-vous tard, dormez peu"
Il est 1h20, je suis sur la bonne route? :)
Franchement, j'aimerais bien assister a ce genre de stage. Bégayer pour un oui ou un non, juste pour délirer.....Enfait, je vie dans ce délire tous les jour :)
Merci beaucoup pour cet article qui m aura fait beaucoup rigoler :-)
Debolabeille
Merci Debo, content de te voir ici !
Merci pour cet articles!! J'ai bien rigolé!!! C'est bon de prendre "le probleme" avec humour parfois!!!
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