22 avr. 2014

Les 9 marches du succès (suite) : s'informer et s'entourer

Coucou ! Comme promis, me voici de retour pour vous présenter deux nouvelles étapes du PASSEPORT vers la fluidité, celui qui a permis à de nombreuses personnes de franchir les frontières du bégaiement. Dans le précédent article, nous avons vu les deux premières lettres : la Prise de conscience et le A de Assumer/Accepter.

A propos d’acceptation, je vous renvoie vers l’article que j’avais consacré à cette étape essentielle. Parce que bon, eh oh ! Je ne vais pas bégayer mes articles, non plus ! Cela nous permet de passer tout de suite aux 2 lettres suivantes du PASSEPORT :

P rendre conscience
A ssumer / Accepter
S’informer
S’entourer
E
P
O
R
T


Je bégaie depuis l’âge de 6 ans et le bégaiement a toujours été au centre de ma vie. J’ai grandi avec lui, il m‘a fait souffrir et je l’ai laissé piloter une bonne partie de mon existence.


Ma mère s’est démenée pour trouver des solutions et j’ai expérimenté beaucoup de choses : l’orthophonie, les traitements médicamenteux, l’acupuncture, l’homéopathie… Elle m’a même emmené en désespoir de cause voir un magnétiseur ! Je me rappelle d’un petit bonhomme bedonnant en costume trois pièces qui balançait son pendule devant mon ventre et posait sa main sur ma gorge pour me transmettre ses bonnes ondes… Ca me fait sourire maintenant mais cela montre bien l’impuissance et le désarroi des parents. A l’époque, on se débrouillait comme on pouvait : l’information sur le bégaiement était difficile à trouver, pas toujours accessible et souvent réservée aux professionnels. Il n’y avait pas de livre grand public sur le bégaiement, pas d’association, pas de reportage, les médecins étaient peu informés… Même l’orthophonie était balbutiante.

Jeune adulte, j’ai poursuivi cette quête désespérée en allant suivre le stage d’un ancien bègue, en essayant la sophrologie ou l’ostéopathie.

Et puis la révolution Internet est arrivée.

J’ai découvert des témoignages de personnes qui étaient passées par les mêmes peurs et épreuves que moi et qui expliquaient comment elles s’en étaient sorties. Et j’ai trouvé ça génial. Voilà des gens dont je me sentais proche et qui me donnaient un mode d’emploi. J’ai trouvé ce qui me manquait : de l’information et de l’espoir. Grâce à Internet et à ces lectures, j’ai donc fait un bond en avant. Je suis passé de l’obscurité à la lumière et j’ai découvert une véritable caverne d’Ali Baba. C’est ce qui m’a donné l’envie de créer le blog pour dire à tous ceux qui étaient dans la souffrance : « Eh ! Venez voir par ici, il y a des solutions ! »

Il est donc indispensable de s’informer au maximum à la fois sur les explications du bégaiement, les thérapies disponibles et les parcours réussis. L’information est la première étape de la guérison. Aujourd’hui, les sources sont nombreuses. En voici quelques-unes :

- L’Association Parole Bégaiement, qui réunit personnes qui bégaient et thérapeutes, laboratoire unique pour échanger expériences et observations. Des délégués sont à votre disposition dans chaque région de France, ainsi qu’en Suisse et en Belgique. Vous y trouverez de la documentation, de l’écoute et les coordonnées d’orthophonistes spécialisés en bégaiement. Citons aussi l’Association des Jeunes Bègues du Québec.

- Les blogs : ceux des personnes qui bégaient comme Bérenger, Olivier, Jérôme ou Romain mais aussi celui d’Alexa la maman de Nathan.

- Les livres. En voici une sélection :
o Des fois je bégaie, pour les enfants de 7 à 12 ans de Eelco de Geus
o Mon enfant bégaie, concrètement que faire ? d’Anne-Marie Simon
o Le bégaiement, comment le surmonter ? De Mireille Gayraud et Marie-Pierre Poulat
o Conseils pour ceux qui bégaient, rédigé par 28 spécialistes du bégaiement ayant eux-mêmes bégayé.

Grâce à l’information, vous allez trouver des explications, des solutions qui vous permettront de choisir une direction.

Reste ensuite à briser l’isolement car le voyage est beaucoup plus facile et agréable avec des compagnons de route.

En effet, lorsque vous bégayez, vous vous sentez très seul(e). J’ai dû attendre 20 ans pour échanger avec une autre personne qui bégaie. Cela renforce le sentiment d’anormalité. Morgane, une jeune suissesse, expliquait ainsi dans une interview sur la radio suisse romande  : "C'était l'enfer. J'étais celle qui ne devait pas être là, j'étais la honte de tous, la pire créature au monde".

Des mots forts... La tentation est donc grande de vous replier sur vous-même. Le bégaiement aura alors remporté une grande victoire : vous isoler du troupeau pour mieux vous dévorer. De grâce, cessez donc de ruminer dans votre chambre. Ne laissez pas le bégaiement vous couper du monde.

Au contraire, ouvrez les volets, saluez le soleil, inspirez à pleins poumons et préparez-vous à faire de belles rencontres. Contactez une association, poussez la porte d’un groupe de self-help, connectez-vous sur les réseaux sociaux…. Vous passerez de bons moments et nouerez des amitiés. Et arrêtez de vous dire : « oui mais moi, je ne suis pas vraiment bègue » parce que :
1) vous lisez ces lignes
2) les autres « bègues » ne se résument pas à cela, tout comme vous. Le bégaiement n’est qu’une de leurs caractéristiques et ce sont aussi des personnes à découvrir avec toute leur diversité, leurs talents et leurs richesses. Vous les connaîtrez par le bégaiement mais vous sympathiserez avec eux pour bien d’autres raisons.

Si rejoindre une association ne vous tente pas trop, vous avez d’autres moyens pour vous entourer de personnes compréhensives et basculer de l’isolement à un environnement positif et motivant.

Il existe des groupes d’entraide (« self-help ») un peu partout en France pour se retrouver régulièrement et échanger de manière conviviale avec d’autres personnes qui bégaient. L’ordre du jour change constamment : présentations, partages d’expériences, débats, jeux de rôle, sketchs… C’est l’auberge espagnole du bégaiement : vous y trouverez un peu de tout, à commencer par ce que vous y amènerez. Pour en savoir plus, je vous invite à lire cet article du blog.

Les orthophonistes proposent aussi aux enfants et adolescents des séances de groupe. Des liens forts s’y créent et de beaux projets prennent naissance. A Montpellier, un groupe d’ados est allé présenter la météo sur France 3. A Paris, ils sont allés à la rencontre des passants pour mener une enquête sur le bégaiement.

Depuis 2 ans, les réseaux sociaux prennent aussi une place importante. Les blogs et associations citées plus haut sont tous présents sur Facebook, à commencer bien sûr par Goodbye Bégaiement.

Mais les personnes qui bégaient sont parfois réticentes à poster sur ces pages "publiques". C'est pour cela qu'a été créé sur Facebook « le Cercle très Privé des Personnes qui Bégayent », un groupe privé qui permet d’échanger sans que cela soit lu par les personnes n'appartenant pas au Cercle. Il compte déjà 350 membres et je vous invite vraiment à aller y faire un tour : tous les âges et plusieurs nationalités y sont représentés et vous ferez le plein de chaleur et d’énergie !

David Shapiro est un spécialiste renommé du bégaiement qui présente la particularité d’être lui-même une personne qui bégaie. Il souligne lui aussi cette puissance du groupe.

« Il n’y a rien que nous ne puissions accomplir ensemble. Vivre avec le bégaiement et apprendre à le contrôler peut être un vrai défi, vous le savez. J’aurais voulu que les adultes me disent qu’on apprend à contrôler son bégaiement ensemble.

Parfois, les adultes se sentaient désolés pour moi. Parfois, ils parlaient pour moi. Quelques thérapeutes ont même renoncé à m’aider car ils pensaient que je ne pourrais pas contrôler mon bégaiement. Ils avaient tort. Parfois les adultes peuvent avoir tort. J’ai appris que même la charge la plus lourde (et le bégaiement peut en être une) semble plus légère lorsqu’elle est partagée. La charge est mieux répartie lorsqu’on travaille avec des thérapeutes, des parents ou tuteurs qui comprennent le bégaiement et qui veulent travailler ensemble.

A l’Ouest des Etats-Unis, il y a d’énormes et très hauts arbres appelés Séquoias. Parce que ces arbres sont immenses, les gens pensent que leurs racines sont très profondes. En réalité, elles ne le sont pas. Ces arbres se dressent haut et fort parce qu’ils poussent les uns à côté des autres et que leurs racines s’entrelacent et grandissent ensemble. Séparément, ces arbres tomberaient; ensemble ils sont forts. C’est la même chose pour les gens qui affrontent de grands défis tels que le bégaiement : ensemble, nous sommes plus forts. Nous pouvons accomplir n’importe quoi ensemble. »

Oui David, ensemble, nous sommes plus forts et j’ai pu observer les vertus de cette force collective lors du récent colloque de l’APB :

- le plaisir des membres de l’association de se retrouver une nouvelle fois,

- Le bonheur, pour ceux qui se sont connus via les réseaux sociaux, de se découvrir en vrai et de claquer des bises sonores sur des joues amies.

- le charisme du groupe d’adolescents qui, malgré leurs bégaiements, ont conquis les 500 personnes de l’auditoire avec un naturel et un humour rafraîchissants,

- la performance théâtrale du groupe de self-help de Paris qui a eu droit à une standing ovation.


De toutes les victoires, celle remportée sur l’isolement est sans doute la plus belle.


Laurent

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour à tous les lecteurs de ce blog,

J'écris ce commentaire pour vous faire partager une technique de lutte contre de le bégaiement.

A titre personnel, j'ai souffert d'un bégaiement léger et la technique que je vais vous communiquer m'a permis de vaincre totalement ce bégaiement.

Ma technique est la suivante : Je me suis rendu compte que, comme un certains nombre de bègue, je ne bégaie plus au théâtre ou encore en lisant un texte.
Partant de ce constat, lorsque je parlais avec une personne, avant de prononcer ce que j'avais à dire, je me suis mis à visualiser la phrase que j'allais prononcer, comme si elle était écrite dans un livre ou sur une feuille, et je n'avais plus qu'à la lire.

Au fur et à mesure, je n'avais plus besoin de visualiser la phrase que j'allais prononcer, je ne bégayais plus du tout.

Si jamais le bégaiement revenait, je me remettais à visualiser la phrase que j'allais prononcer (comme si elle était présente dans un livre ou une feuille ).

Voila, j'espère que cette technique vous aidera.
Cela étant, je ne peux rien vous garantir car chaque bégaiement est spécifique...




Hélène a dit…

Merci Laurent !
Tu as bien raison (comme d'habitude;-)) parler de son bégaiement permet de le mettre un peu plus à distance. Et on n'a jamais fini d'apprendre sur ce sujet, comme sur d'autres.

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