27 juin 2019

Entretien avec Malick : « Ce que je retiens, c’est que nous sommes plus que le bégaiement. »

Après Damien, c’est au tour de Malick de partager son expérience du concours de l’Eloquence du Bégaiement. Il nous explique de manière détaillée ce qu’il a appris et partage avec nous les secrets de la préparation. Grâce à lui, vous allez vivre le concours de l’intérieur et bénéficier des conseils pratiques de ses professeurs. A lire et à relire pour vos prochaines prises de parole en public !

Quel âge as-tu et que fais-tu comme études ou métier ?

J’ai 35 ans. Je suis doctorant, chargé de cours à l’université.

Comment décrirais-tu ton bégaiement ?

Mon bégaiement est plus ou moins sévère selon les situations, les interlocuteurs et les moments. Physiquement, il se manifeste par des tensions et un blocage net. La timidité n’aidant pas, il se produit aussi une perte du contact visuel avec mon interlocuteur.

Suis-tu une thérapie ?

J’ai suivi une première thérapie que j’ai arrêtée au bout de 6 mois parce que je ne comprenais pas pourquoi je devais la faire. En réalité, mon rapport avec le bégaiement était complexe à l’époque.
Je suis né au Sénégal où j’avais fini par comprendre que mon bégaiement était condamné à demeurer ainsi, qu’il était sans solution. Alors, je devais l’accepter et vivre avec. J’avais besoin de comprendre pourquoi je devais faire le contraire de ce que j’avais compris pendant plus de 20 ans. Après cette première expérience thérapeutique qui ne me semblait pas utile, j’ai beaucoup lu sur le bégaiement parce que je ne le connaissais pas malgré le fait que je bégaie beaucoup. 
Pourquoi moi ? Pourquoi je bégaie ? Comment se passe-t-il ? Comment se manifeste-t-il ? Dans quelles situations ? etc. ; autant de questions que je me posais. Au bout de 2 ans de réflexion, de lecture et de mûrissement, j’ai repris contact avec l’orthophoniste Cécile Couvignou qui m’a suivi plus de 4 ans. D’ailleurs, c’est grâce elle que j’ai découvert le concours.

Quelles étaient jusqu'à présent tes expériences à l'oral ?

Je suis en permanence confronté à la prise de parole en public.
- En tant que doctorant car je dois faire des présentations orales lors d’événements (colloques, séminaires, etc.) ;
- En tant qu’organisateur d'événements ;
- En tant que chargé de cours ;
- En tant que chargé de mission dans les services publics où le quotidien est rythmé par les réunions, les comptes rendus, etc.

En effet, tu avais déjà une belle expérience ! Pourquoi as-tu voulu participer à ce concours ?

D’abord, je voulais rencontrer d’autres personnes qui bégaient afin d’échanger et partager sur nos vécus. Je voulais également sortir de ma zone de confort. En voyant mon parcours, on peut facilement croire que je dois être forcément à l’aise avec la prise de parole en public. C’est tout le contraire. En réalité, je travaillais énormément avant mes interventions. Je cherchais à maitriser le moindre détail afin d’éviter toute forme de stress, source de blocages. C’est épuisant physiquement et moralement surtout lorsqu’en cours d’intervention, le bégaiement me rappelle qu’il est toujours là. 
Tellement je me focalisais sur le bégaiement que j’avais en permanence la sensation de m’oublier. 
Avec la thérapie, j’ai appris à lâcher prise ; ce qui est moins fatigant car en laissant de côté certains détails, je peux me concentrer sur l’essentiel : échanger avec l’autre et vivre l’instant présent. 

J’ai aussi travaillé sur d’autres vecteurs de communication tels que le regard avec lequel j’avais beaucoup de mal. Le concours était justement l’occasion de mettre en pratique ces techniques et astuces qui vont au-delà de la fluence. Il y’a un point que je n’avais pas en vue lorsque je me suis inscrit au concours mais qui s’est révélé important au fur et à mesure : apprendre à libérer les émotions et à les partager. J’avais tendance à penser que plus je maitrisais les émotions, moins je bloquais. L’inconvénient est que cela rendait le message ou le discours lisses ; ce dont je n’avais pas conscience. J’ai dû apprendre à me dévoiler émotionnellement pour donner vie au discours. « Pour un discours de qualité, il faut donner de sa personne », pour paraphraser un des formateurs. Je continue à travailler ce point.

Donc tu décides de t’embarquer dans cette aventure et de partir à la conquête du lâcher prise. Comment s’est déroulée la préparation du concours ? Qu'as-tu appris et comment ?

La préparation du concours s’est déroulée en deux phases : des sessions de formation avec des orthophonistes et des spécialistes de la parole et de l’éloquence, et des ateliers pratiques. 

Les sessions de formation se sont déroulées sur trois journées entières (3 samedis). La plupart étaient sous forme de mini-ateliers de mise en situation. D’ailleurs, les formateurs ont beaucoup interagi avec nous et ont veillé à ce que chacun puisse participer. Cela nous a souvent conduits à sortir de notre zone de confort. Les formations ont été complétées par des ateliers, les mardis et jeudis, pour continuer la mise en situation, préparer le concours et répéter. Ils nous ont aussi permis de mieux faire connaissance entre nous. 

Nous avons eu plusieurs intervenants :
• Stéphane André, fondateur de l’école d’art oratoire de Paris, spécialiste de l’éloquence ;
• Eddy Moniot, acteur et formateur d’éloquence est intervenu sur le discours, la mise en scène et l’occupation de l’espace ;
• Guillaume Prigent, gagnant de plusieurs concours d’éloquence et acteur incontournable à l’origine de plusieurs initiatives portant sur l’éloquence nous a fait travailler sur l’argumentation ;
• Michaela Perron, orthophoniste, chercheuse en fluence et Mounah, cofondateur de l’Eloquence du Bégaiement nous ont amenés à prendre conscience d’autres manières de transmettre son message et ses émotions, au-delà des mots et de la fluence ;
• Isabelle Chataignier et Charles Haroche, avocats et formateurs d’art oratoire sont intervenus sur la construction du discours et la structuration des arguments ;
• Patricia Oksenberg et Ourdia Farge, orthophonistes, nous ont appris à tout lâcher et à exprimer nos émotions, au-delà du verbal.

Stéphane André est essentiellement intervenu sur l’art oratoire, l’art dramatique, les techniques aidant à l’éloquence et nous a transmis des astuces pour une prise de parole publique aisée. Il nous a fait travailler sur les points suivants :
• Point 1 : La pratique de l’art oratoire pour une « écoute et un regard écologiquement justes » :
- Découvrir son style ;
- Rythmer sa prise de parole (trouver son tempo) pour gagner en fluidité grâce à la voix au souffle ;
- Transmettre les émotions à son auditoire par le regard ;
- Connaître sa propre voix ;
- Bien positionner son corps ;
- Occuper l’espace disponible ;
- Créer une connexion avec le public : il est important de sentir que le public est prêt à recevoir le message transmis.
• Point 2 : L’entrée en scène et sur scène :
- Bien positionner son dos (système d’appui) et bien placer son regard (pour la transmission de flux) :
- Le bon positionnement du dos permet au regard de s’installer confortablement. J’ai ainsi retenu que le regard se vérifie à partir du dos. Et il est important de se tenir droit pour trois raisons : l’élégance, le son (le dos amène la voix), l’efficacité de la voix.
• Point 3 : Le passage de la personne au personnage :
- Séparer l’auteur (préparation du discours) de l’acteur (pendant la scène) et veiller, avant d’entrer en scène, au passage de la personne au personnage (incarnation de l’idée).

Ses conseils :
• Veiller au regard facial pour créer la connexion avec le public (le regard permet d’écouter son public et de sentir quand il est prêt à recevoir le message) ;
• Veiller à avoir une posture droite le regard s’installe plus aisément et la voix se projette plus facilement.

Avec Eddy Moniot, nous avons travaillé sur « Convaincre en transmettant une émotion ». Il a procédé en deux temps : une partie théorique portant sur la construction d’un discours et une partie pratique, sous forme d’atelier de mise en situation.
Concernant la partie théorique, il est revenu sur les 5 éléments d’un discours classique : l’exode (attirer l’attention), la narration (garder l’attention, en racontant une histoire par exemple), l’argumentation (en général, trois arguments, trois idées principales), le contre-argument (un contre-argument, en général), la péroraison (montante ou descendante pour le discours « avec classe »). Sur la seconde partie, il nous a conduits à prendre conscience de l’importance du contenu du message : « Qui est-on ? », « Qu’a-t-on à dire ? », « Comment le dit-on ? ». Il nous a appris à nous appuyer sur le public, à créer une connexion avec lui en mobilisant des références ou des exemples communs.

Ses “Top règles” :
• Etre bien ancré au sol ;
• Projeter sa voix sans crier ;
• Respirer afin de rythmer et fluidifier sa prise de parole ;
• Faire des pauses pour donner corps au discours ;
• Créer une connexion avec le public.

Guillaume Prigent nous a présenté l’argumentation, a rappelé les éléments du discours et est revenu sur l’importance de la structure de l’argumentation. Les points importants qu’il a soulevés sont :
• Les typologies d’arguments : rationnel (vrai), émotionnel (sens, intuition), moral (juste/injuste) /littéral, intellectuel, éthique. Il est possible de les mixer dans un discours ;
• Le choix des arguments (faits) ;
• Le déroulement de chaque argument : avancer une question ou un problème (a), proposer une idée de solution (b), présenter une preuve ou un exemple (c). Entre chaque argument, il faut marquer un silence, changer de tonalité de voix (si nécessaire) afin de dire au public qu’on passe à l’argument suivant ;
• Les preuves pour démontrer que l’on a raison en 4 étapes : l’introduction (terrain tamisé), l’exorde (une histoire), l’argument (2 ou 3 max), la chute ;
• La conclusion : pour conclure, deux possibilités existent : adopter soit une voix ascendante (qui signifie un appel à l’action), soit une voix descendante (en mode discussion, signifiant un appel à la réflexion)

Voici ses conseils :

1. Trouver les arguments ou des idées, les structurer, les classer et construire son discours en 6 étapes :
• Etape 1 : chercher et poser ses idées en allant chercher dans les dictionnaires, les citations, les oeuvres, les situations de la vie courante, etc. ;
• Etape 2 : décortiquer et classer ses idées selon le sujet à traiter ;
• Etape 3 : faire des alliages entre les différentes idées selon les classements faits précédemment ;
• Etape 4 : répartir les idées selon les arguments ;
• Etape 5 : se positionner ;
• Etape 6 : construire son discours.

2. A l’oral :
• Dire les choses le plus simplement possible ;
• Mobiliser des exemples accessibles ou des références communes (qui parlent à un maximum de personnes) ;
• Être démonstratif ;
• Nuancer les styles ;
• Faire varier sa voix ;
• Occuper l’espace ;
• Veiller à la voix (calme, ralentie, rythmée) et au regard.

Michaela et Mounah sont revenus sur les points suivants :
• Le regard
- Le rythme du regard à caler sur le rythme de la parole
- Trouver des points de repère pour avoir l’impression de regarder tout le monde
• Rythmer le discours par les silences et les pauses
- Mixer les pauses pleines (heuuuu, par exemple), les pauses vides, les pauses d’ordre rhétoriques/oratoires/syntaxiques. Par exemple, sur une phrase : pour certains… (pause)…les choses…(pause)…sont…(pause)…simples. Cette pause syntaxique permet de réguler ou de jouer sur la mélodie de la voix. Il est important, en tant que personne qui bégaie, de jouer sur ses pauses pour asseoir sa parole, reprendre son souffle et donner une vie au discours.
• Faire attention à l’association de mots
• Etre authentique (à différencier de la sincérité)
• Identifier son style de discours : rationnel, intellectuel, émotionnel, moral, affectif, etc.
• Identifier ses forces.

En deux temps, Isabelle et Charles sont intervenus sur « Comment structurer ses idées » ; « Traiter le sujet, rien que le sujet, tout le sujet » :
• Un premier temps d’échange sur des exemples de « bons discours » et « moins bons discours », de Malraux à Martin Luther King, en passant par Barack Obama, Charles De Gaulle, Jean Moulin, Abbé Pierre, etc.
• Un deuxième temps consacré à « Comment on écrit un discours » en intégrant les trois éléments : Logos, Pathos, Ethos (Aristote) en 6 trois étapes :
- Etape 1 : chercher et noter toutes les idées
- Etape 2 : Associer des mots
- Etape 3 : sélectionner des arguments : c’est à cette étape que l’orateur construit le fil rouge de son argumentation en veillant à la logique entre les arguments répondant au sujet dans son ensemble. Il doit veiller aussi à la disposition des arguments en suivant par exemple la méthode Nestokienne : commencer avec un argument fort (pour marquer un coup et donner une 1ère « bonne impression ») – suivi de l’argument le plus faible – terminer avec l’argument fort (dernière « bonne impression »).
- Etape 4 : trouver son style et intégrer des éléments de langage pour construire la sonorité ou la musicalité du discours ; cela permet de marquer les esprits et de transmettre plus aisément son message ;
- Etape 5 : mémoriser (ou maîtriser) son discours ou l’avoir à disposition via une feuille de chemin, un parchemin, etc.)En deux temps, Isabelle et Charles sont intervenus sur (ou maîtriser) son discours ou l’avoir à disposition via une feuille de chemin, un parchemin, etc.)
- Etape 6 : incarner son personnage.

Leurs conseils :
• Alterner les arguments ;
• Se mettre en scène et parler de soi ;
• Faire des phrases courtes ; éviter les phrases à rallonge ;
• Adapter son message à son auditoire ; porter une attention sur « A qui on le dit ? » et
« Comment on le dit ? »
• Imprimer son discours, sa feuille de route en gros caractère, faire des petits paragraphes, faire des sauts de ligne, intégrer des codes couleurs, etc.

Patricia et Ourdia nous ont appris à occuper l’espace, à lâcher prise, à faire confiance et s’appuyer sur son public, surtout à être soi-même tout en faisant attention à ce qui nous entoure.

Merci pour cette description détaillée, c’est passionnant ! Après cette préparation intense, le jour du concours arrive : comment cela s’est-il passé ?

Le concours s’est bien déroulé dans son ensemble. Je me suis arrêté en demi-finale. L’avantage de faire la première édition est d’y aller sans a priori. En effet, comme dit plus haut, je me suis inscrit, d’abord, dans le but de rencontrer et d’échanger avec d’autres personnes concernées par le bégaiement. 

Le premier tour était plus difficile car il fallait parler de soi. En général, je ne suis pas très à l’aise dans cet exercice. D’ailleurs, cette grande discrétion m’est souvent reprochée. Le plus dur était de mettre de l’émotion dans le discours car j’ai appris à la contrôler afin de ne pas me laisser submerger et bégayer. Donc, en amont du concours, j’ai beaucoup travaillé sur le lâcher prise, les émotions, le regard, etc. En effet, en parlant, j’ai tendance à me focaliser sur mes blocages et à oublier que ce n’est pas seulement une performance. Il s’agit d’être avec l’autre et de partager avec lui un bout de son histoire. Bien évidemment, j’étais très stressé le jour du concours. Des séances personnalisées de relaxation étaient proposées. J’ai essayé autant que faire se peut de mettre en pratique les techniques et astuces. Ce n’était pas facile de penser à les mobiliser une fois sur scène. C’est intéressant de se rendre compte à quel point les vieux réflexes peuvent revenir dans des moments de stress. C’était l’occasion de faire l’effort de sortir de sa zone de confort et encore une fois de lâcher prise. Nous pouvions répéter avec les autres et avoir des retours ; ce qui permettait de faire des ajustements si nécessaires.


J’étais moins stressé au second tour. Je commençais même à m’amuser. Nous avions un sujet et une position imposés. Pour moi, c’était « Existe-il des bons mensonges ? » et je devais défendre la position du « Oui ». Le sujet m’a beaucoup passionné. Alors, pour défendre ma position, rendre vivants mes arguments et convaincre le jury, j’ai dû me mettre en scène. C’était l’occasion de me (re)découvrir autrement, de me rendre de facettes que je ne soupçonnais comme jouer en fond l’aspect théâtral ou comique. C’est une facette qui m’a surpris d’autant que j’avais peur d’être ridicule. D’ailleurs, j’ai beaucoup hésité avant de monter sur scène. Finalement, je me suis laissé porter par le discours et le soutien du public pour tout lâcher. Le bégaiement était relégué au second plan. 

Ce que je retiens des prestations, c’est que nous sommes plus que le bégaiement, nous avons beaucoup plus de facettes et de choses à offrir. Si on est soi-même convaincu et passionné, les autres le perçoivent et accueillent ce que nous racontons avec bienveillance ; peu importe que nous bégayions ou pas. J’ai appris aussi qu’on n’est jamais ridicule quand on s’ouvre aux autres, qu’on se dévoile ou qu’on est soi-même. Au contraire, c’est une confiance qu’on accorde et une complicité qui s’installe ; n’est-ce pas là un des plaisirs de l’échange ?

J’imagine que tu as dû quand même avoir le trac. Comment l’as-tu géré ?

L’essentiel du stress était géré en groupe. Chacun se sentait, en quelque sorte, investi d’une mission : être bienveillant avec l’autre, l’aider à donner le meilleur de lui-même et à être éloquent, autrement. Cet environnement bienveillant a permis de se sentir en confiance et de se libérer. Les ateliers permettaient aussi de faire part de nos peurs. Ce qui laisse une place importante à une gestion collective du trac.

Personnellement, en plus du soutien du groupe, j’ai fait appel aux techniques apprises en orthophonie et avec les coaches comme la respiration ventrale, le souffle, la posture, etc. En outre, bien préparer et bien maîtriser le discours, avoir une feuille de route imprimée en gros caractères lisibles avec un sens de lecture clair, ont permis une prestation plus aisée. Enfin, j’ai aussi essayé de mettre en pratique certains conseils pour insuffler une dose de passion dans le discours, s’appuyer sur le public et captiver son attention, etc.

Et aujourd’hui, que mets-tu encore en pratique dans ta vie quotidienne ? Est-ce que tu penses que cela t’a changé ?

Même si mon bégaiement était déjà accepté, le concours m’a apporté un plus grand confort au quotidien. J’ai constaté des progrès sur la prise de parole en public. Je suis plus sensible à la structure d’un discours. Je fais plus attention aux autres vecteurs pour un échange de qualité tels le regard. Je travaille davantage sur ma voix et m’amuse à la varier ; ce qui permet de mieux articuler et d’être plus clair.

Sur le plan émotionnel, je lâche davantage prise. Sur le plan relationnel, je me pose moins de questions sur le regard que l’autre peut avoir sur moi. Par exemple, je parle avec aisance de mes passions sans avoir l’impression de déranger, de prendre trop de place ou trop de temps. Je m’accorde le temps nécessaire. Je n’évite plus les situations que je juge inconfortables et où je me pense ridicule. Je ne m’autocensure plus sous prétexte que le bégaiement ne me permet pas de m’exprimer comme je le souhaite.

Après un tel témoignage, je suis sûr que d’autres personnes qui bégaient vont vouloir connaître cette magnifique expérience. Quels conseils leur donnerais-tu ?

Il ne faut surtout pas hésiter à s’inscrire. Lorsque c’est fait, il faut se laisser porter par la ferveur qui se dégage du groupe, se donner à fond et profiter de tout ce que le concours offre sur le plan humain (social, relationnel) et technique. Ce sont des moments privilégiés avec des spécialistes de la parole et du bégaiement bienveillants. En tant que personnes touchées ou concernées par le bégaiement, nous n’avons pas souvent de telles occasions d’avoir des outils et un espace pour nous exprimer et porter notre voix. Bien évidemment, il n’est pas facile de se lancer, de se mettre à nu. Mais avec la bienveillance des formateurs, des orthophonistes et des participants, un climat de confiance s’installe naturellement. Ce qui libère et permet de sortir de sa zone de confort. Et, les progrès constatés chez les uns et les autres, après six semaines de formation, d’atelier et de concours, réconfortent. 

L’esprit du concours est d’être éloquent autrement, au-delà du bégaiement et même de la fluence. Le concours propose d’explorer son originalité, d’exprimer et faire entendre sa différence, d’être éloquent, autrement. C’est donc une belle occasion pour se (re)découvrir soi-même et pour apprendre des autres aussi.

Plus important encore pour moi, le concours permet de sensibiliser et de faire connaître le bégaiement, notre bégaiement à nos parents, nos amis qui peut-être n’osent pas aborder le sujet ou souhaitent en savoir davantage car il y’a autant de bégaiements que de personnes qui bégaient.


Merci Malick !





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