Je vais vous parler aujourd’hui d’une technique qui m’a beaucoup aidé et que je continue à utiliser. Il s’agit du bégaiement lent ou relax.
Selon J. David Williams, spécialiste du bégaiement à l’Université de l’Illinois, le « slow stuttering » s’est avéré efficace pour de nombreux bègues en les faisant évoluer d’un bégaiement lourd et complexe vers un bégaiement lent, simple, générant très peu de crispation et d’interruption dans leur parole.
Le but de ce bégaiement lent n’est pas de ralentir votre débit sauf si vous parlez vraiment très vite et que cela vous rend difficilement compréhensible. L’idée est de simplement ralentir lorsque le bégaiement et la tension associée surviennent.
En fait, vous devez tout simplement faire l’inverse de ce que vous faites d’habitude. En effet, habituellement, les bègues réagissent au bégaiement en se crispant ou en accélérant. Avec ce bégaiement lent, vous devez apprendre à passer en mode « relax » pour faire disparaître la tension responsable du blocage.
Si le bégaiement survient, ne vous arrêtez pas, ne revenez pas en arrière mais... continuez à avancer sans forcer. Pour cela, relâchez votre langue, votre mâchoire, vos lèvres, laissez les en mouvement sans bloquer. Résistez à tout sentiment d’urgence ou de pression ou envie d’accélérer, ne paniquez pas et prenez tout le temps dont vous avez besoin. Restez confiant et continuez à avancer lentement mais sûrement. Essayez de faire tout de manière relâchée, doucement, lentement. Dites vous que vous avez appuyé sur la touche « slow » de votre lecteur !
A un point critique, une seconde, 2 ou 10, vous allez soudain sentir que vous avez passé l’obstacle. Votre tension se dissipe, votre confiance resurgit et vous finissez simplement votre mot et continuez à parler à vitesse normale. Si un blocage revient, repassez alors aussitôt en mode lent.
Encore une fois, l’objectif n’est pas de ralentir votre discours mais votre bégaiement. Avec cette technique, vous refusez de céder à la panique et la tension qui accompagnent habituellement le bégaiement.
Pour moi, cette technique a été bénéfique pour plusieurs raisons :
- J’ai arrêté de forcer quand un blocage survenait.
- Je ne cherche plus à masquer mon bégaiement. Sur certains mots, je bégaie mais cela se fait en douceur et de manière « décontractée ». Je le vis bien et donc mon interlocuteur aussi. Je me surprends même parfois à provoquer ce léger bégaiement. C’est une manière d’avancer à visage découvert, d’informer mon interlocuteur que c’est ma façon de parler et qu’il n’y a pas à s’en inquiéter. De même si, exceptionnellement, le bégaiement se prolonge un peu, je souris et je fais une petite remarque pour rassurer mon interlocuteur.
- Je ne cherche plus la fluidité, ce qui est encore une manière de relâcher la pression. Un accident de parole est tolérable, d’autant plus qu’il peut être aisément rattrapé. C’est aussi un signal qui me permet de lever le pied quand mon discours s’emballe et que la tension monte.
Au final, ne redoutant plus les blocages, j’ai une parole plus spontanée, détendue et j’en ressens les effets. Je suis plus zen, je me concentre davantage sur le contenu de mon discours et je suis aussi moins fatigué.
Pour expliquer cette technique à mes proches, j’ai trouvé la métaphore de la conduite sur glace : considérez le bégaiement, le blocage comme une plaque de verglas sur votre route. Si vous accélérez ou freinez brusquement, vous allez patiner ou partir en tête à queue. Si vous avancez en douceur, tranquillement, vous passerez.
Il en va de même pour le bégaiement lent : grâce à lui, je continue à avancer en bégayant certains mots de manière relâchée, en ralentissant un peu, avec une tension de plus en plus faible. Résultat : je passe au travers du bégaiement et je poursuis ma route.
Et bizarrement, depuis, je rencontre de moins en moins souvent des plaques de verglas…
maman d'un petite garçon de 8 ans qui souffre de bégaiement je suis à la recherche d'une explication pour comprendre sa (ma) souffrance lorsqu'il ne peut pas exprimer ses mots. C'est un enfant brillant, plein d'humour, anxieux, charmeur, très bavard. Il est suivi depuis 3 ans sans vraiment accrocher l'orthophonie...Et moi maman cherche une réponse sur l'origine du bégaiement. merci pour votre blog
RépondreSupprimerJe pense qu'il n'est pas très utile de chercher l'origine du bégaiement. Il y a parfois un déclencheur (changement familial, forte émotion lié à un décès,...) mais même si vous le retrouvez, cela ne permettra de retrouver une parole fluide. J'ai écrit un article sur l'attitude à avoir lorsque son enfant bégaie. Si vous ne l'avez pas lu, je vous mets le lien ici.
RépondreSupprimerLe rôle du papa est aussi important. Ils sont souvent dans la négation ou dans la gêne face à un problème qui leur échappe. Et les enfants le ressentent, ce qui n'aide pas pour accepter ses accidents de parole. Par dessus tout, je pense qu'il faut veiller à ne pas faire de son bégaiement un tabou.
Vous pouvez aller faire un tour sur le forum "paroles de begues". Vous y trouverez aussi des témoignages de parents. Il faudrait peut-être aussi envisager de changer d'orthophoniste. Le vôtre est-il spécialisé dans le bégaiement ?
Votre petit garçon est brillant et plein d'humour. N'hésitez pas à lui dire. Il faut qu'il comprenne que sa personnalité ne se réduit pas à son bégaiement, loin de là.
Je vous embrasse tous les deux. N'hésitez pas à me faire un mail si nécessaire (voir mon profil).
Laurent