Avec le post d’aujourd’hui, je vais tenir deux promesses :
1.Quand j’ai rédigé le billet « itinéraire d’un bègue », qui pouvait sembler assez noir, je terminais en disant qu’il y avait des exemples de personnes qui avaient eu des déclics et avaient réussi à inverser le processus. C’est le cas d’Alan Badmington.
2.Certaines personnes m'ont demandé si je pouvais donner des exemples de personnes ayant vaincu leur bégaiement. C’est le cas d’Alan Badmington.
Les témoignages d’anciens bègues sont rares et celui d’Alan est l’un des premiers que j’ai découvert, voilà quelques années. Il m’a beaucoup marqué et je le relis souvent. Parce qu’Alan a un véritable talent de conteur (difficile de décrocher de son récit lorsqu’on a commencé à le lire) et parce que son histoire est une très belle aventure humaine et un formidable message d’espoir pour tous les bègues.
Alan est gallois. Il a connu un parcours classique dans lequel vous vous retrouverez sûrement : bégaiement apparu à l’âge de 3 ans, premières difficultés majeures vers 11 ans, lorsqu’il a dû dire son nom devant 30 autres élèves qu’il ne connaissait pas, problème avec certains mots et face à des inconnus ou des figures d'autorité, premier évitement avec le refus de lire en classe un texte qui contenait des mots redoutés... Ayant acquis le sentiment qu’il aurait toujours des difficultés, Alan avait fini par parler peu en choisissant ses mots. Il était frustré et obsédé par le bégaiement, il avait le sentiment constant d’être jugé...
Grâce à ce parcours sans fautes, son bégaiement s'est transformé en un sévère handicap à l'âge adulte. Devenu policier, il dessinait des croquis quand quelqu’un lui demandait une direction, pour éviter de bloquer sur le nom d'une rue. Cantonné dans des tâches administratives après avoir été incapable de prêter serment et de témoigner lors d’un procès, il a décidé d'utiliser un appareillage électronique, appelé l’Edinburgh Masker. Grâce à celui-ci, il a repris confiance. Mais un jour l’appareil est tombé en panne au beau milieu d’un discours pour le départ en retraite du constable en chef...
Il exprime très bien comment, au fur et à mesure de son parcours de bègue, il a acquis peu à peu certaines certitudes, certaines croyances négatives et limitantes et comment il s’est enfermé dans le cercle vicieux du bégaiement. Comme beaucoup de bègues, Alan était convaincu :
- qu’il ne pourrait jamais parler en public,
- qu’il ne pouvait pas prononcer certains mots,
- qu’il ne pourrait jamais vaincre le bégaiement,
- qu’il ne pourrait jamais réussir professionnellement à cause de son bégaiement...
Pour expliquer l'impact de ces croyances et de nos perceptions sur notre parole, il prend l’exemple du témoignage qu’il a dû faire devant la Cour, en décortiquant toutes ses pensées avant, pendant et après l’événement. Cette démonstration concrète sur une situation vécue est absolument fascinante (à partir de la page 10). Vous comprendrez pourquoi dans deux situations apparemment similaires, il a bégayé dans un cas et pas dans l’autre. Il raconte aussi avec un humour très britannique comment s'est déroulée la cérémonie des voeux pour son mariage.
Au fur et à mesure de son récit, vous découvrirez comment il a fini par inverser le processus et par vaincre son bégaiement, comment il a élargi progressivement ses « zones de confort », comment il a décidé de voir les situations nouvelles comme des expériences d'apprentissage plutôt que comme des difficultés, comment son image de lui-même s'est améliorée, comment cela lui est devenu de plus en plus facile de communiquer, allant même jusqu'à enchaîner des interviews à la radio et à la TV et à remporter plusieurs prix dans des concours d'éloquence !
Son témoignage sera aussi, je le pense, très intéressant pour des non-bègues. Car chacun se fixe des limites, chacun a des croyances sur ce qu’il est capable ou non de réussir. Ces croyances sont limitantes car elles créent le script à partir du quel nous jouons nos vies. En prendre conscience permettra à chacun de progresser et de réaliser la prophétie de Thomas Edison : « si nous faisions toutes les choses dont nous sommes capables, nous nous épaterions » !
Je vous laisse donc en compagnie d'Alan. La traduction du texte original a été réalisée par le canadien Richard Parent, grâce à qui vous avez pu déjà découvrir les textes de John Harrison. Je le remercie de me l'avoir envoyée pour que je puisse vous la faire partager.
Bonne lecture et n'hésitez pas à réagir.
Le témoignage d'Alan Badmington : « le bégaiement n'est pas qu'un problème de parole » (recueil de textes traduits par Richard Parent. Fichier pdf)
Bon alors, il ne vous inspire pas Alan ? Je suis le seul à avoir été touché, intéressé et enthousiasmé par son témoignage ? Ce n'est pas si fréquent pourtant de lire ce genre de parcours !
RépondreSupprimerMerci pour le fichier, Laurent, je ne connaissais pas Alan Badmington. En ce qui me concerne j'ai lu son texte avec mon recul à moi...mais je suis convaincu que cela peut aider un grand nombre de personnes !
RépondreSupprimerP.S. Richard Parent va-t-il traduire aussi Schwartz ?
Bonjour Laurent, ton post est excellent et le témoignage d' Alan Badmington a l'air très bien construit avec plein de conseil à mettre en pratique meme si je n'ai pas terminé sa lecture.
RépondreSupprimerbonne continuation, et j'attends vivement tes prochains articles.
Clément
@Olivier : j'ai posé la question à Richard qui m'a répondu. Pour l'instant, il traduit exclusivement les textes de John Harrison, sur le temps qu'il peut trouver. Mais un jour peut-être...
RépondreSupprimer@ Clément : merci !
Je l'ai lu il y a quelques jours et franchement j'ai trouvé ce livre GENIAL ! Franchement ça nous apprend plein de chose et il y a une note positive que j'apprécie fortement. Merci Laurent !
RépondreSupprimerVoilà qui me va droit au coeur ! Ouf ! Je ne suis pas seul à avoir été enthousiasmé par Alan. Ce témoignage, c'est une grande bouffée d'espoir et de motivation.
RépondreSupprimerje suis au lycée la et je vais le lire ce soir, ca ma l'air très intéressant. En fait, moi j'ai commencé a faire la même chose que lui il y a quel que jours. Parce que, comme vous le savez, il y a des jours ou tout va bien et d'autre, qui sont horrible. Du coup, j'ai acheté un bloc notes, et je note ce que je fait, ce que je mange ect ect, j'écrit le moindre détail. Pour voir, comment ca se fait que y a des jours bien d'autre mauvais. EN tout cas, merci a toi d'avoir publié cette article et je te remercie également pour tous les autres que ta posté. C'est très utile de lire les témoignages pour moi car je suis quel qu'un qui désespère très très vite et qui perds la confiance en soit. MERCCI
RépondreSupprimer@redj1290 : bienvenue sur le blog et heureux de pouvoir t'être utile. Il y a en effet des jours avec et des jours sans (fatigue, stress...). Tiens moi au courant de tes constatations.
RépondreSupprimerLaurent