J’ai commencé à bégayer à l’âge de 6 ans.
J’ai essayé de nombreuses techniques ou thérapies sans succès : ostéopathie, acupuncture, homéopathie, sophrologie, médicaments… Magnétiseur. J’avais fini par laisser le bégaiement dicter une grande partie de ma vie : le choix de mes études, de mon métier et même du prénom de mes enfants. Et à 40 ans, alors que je pensais que je ne m’en sortirais jamais, que je paniquais chaque fois que je devais téléphoner, me présenter ou prendre la parole en public, j’ai été sauvé par l’Internet.
Alors que je me sentais seul, incompris et que je ne voyais aucune perspective de guérison, j’ai soudain découvert les témoignages de personnes qui étaient passées par les mêmes peurs et épreuves que moi et qui expliquaient comment elles s’en étaient sorties !
J’étais enthousiasmé ! Voilà des gens dont je me sentais proche et qui me donnaient ce qui me manquait : de l’information, de l’espoir et un mode d’emploi. J’avais découvert un eldorado, une planète cachée et j’ai eu envie de révéler son existence aux francophones.
C’est ce qui m’a donné l’idée de créer en 2009 le blog www.goodbye-begaiement.fr pour partager mon expérience et surtout celles des autres, synthétiser l’information utile et faire gagner aux personnes qui bégaient le temps que j’avais moi-même perdu ! Je voulais aussi vraiment délivrer un message positif en montrant qu’il existait des solutions et qu’il était possible d’en parler sur un ton léger et décontracté. L’aventure est belle puisqu’elle m’a permis de rencontrer des gens passionnés et attachants et a débouché sur la traduction et l’édition de deux livres,
Grâce à Internet et à ces lectures, j’ai donc fait un bond en avant. Je suis passé de l’obscurité à la lumière et j’ai découvert une véritable caverne d’Ali Baba.
Or, dans tout ce que j’ai pu lire, dans tous les échanges que j’ai pu avoir, dans les traductions que j’ai faites (notamment les « Conseils pour ceux qui bégaient », donnés par 28 thérapeutes ayant eux-mêmes bégayé), j’ai découvert qu’il y avait des points communs qui revenaient sans cesse, des choses que j’aurais voulu savoir sur le bégaiement, lorsque j’étais jeune.
Donc ce que je vais partager avec vous, ce n’est pas simplement mon expérience, ce qui n’aurait pas grand intérêt mais celles de nombreuses autres personnes qui bégaient, que ce soit en France ou à l’étranger.
Voici ce que j’aurais voulu savoir lorsque j’avais 20 ans.
1. J’aurais voulu savoir que le bégaiement n’est pas une faute, encore moins ma faute.
Durant très longtemps, j’ai porté mon bégaiement comme un boulet. Je le vivais comme un échec dont j’étais responsable.
J’ai pu constater que ce sentiment est partagé par de nombreuses personnes qui bégaient. En tant que bègue, vous percevez le bégaiement comme quelque chose de mal, qu'il ne faut pas faire et dont vous êtes responsable et même coupable. Vous avez honte de votre incapacité à parler normalement et vous faites tout pour dissimuler ce bégaiement : vous évitez de prendre la parole, vous remplacez un mot par un autre quand vous pressentez un blocage, vous feignez de chercher un mot ou d'avoir oublié ce que vous vouliez dire... Tout est préférable pour vous au bégaiement : passer pour une personne sans conversation, faire des fautes de français ou de liaison,...
J’ai eu la chance de travailler avec une psychologue et lorsque je lui ai expliqué que je vivais mon bégaiement comme un échec, elle m’a répondu simplement :
« Mais Laurent, le bégaiement n’est pas une faute et ce n’est pas ta faute ».
Cela a été pour moi un déclic, une véritable révélation. En comprenant que je n’en étais pas responsable, je me suis rendu compte que j’avais le droit de bégayer, que je pouvais bégayer, que ce n’était pas un drame puisque je n’en étais pas responsable. Le résultat, c’est que je me suis enlevé la pression énorme qui permettait justement au bégaiement de s’épanouir. Cette simple phrase a ébranlé mes pensées négatives, ma tension, mes stratégies d’évitement, tout ce qui contribuait à renforcer mon bégaiement.
En vous déchargeant de cette culpabilité, vous allez arrêter d’être obnubilé par le bégaiement et vous allez pouvoir commencer à avancer. Vous allez passer du « surtout ne pas bégayer » au « je vais peut-être bégayer mais ce n’est pas grave. Je l’assume d’autant mieux que je n’y suis pour rien ! »
Attention ! Je ne suis pas en train de vous inciter à accepter votre bégaiement sans rien faire. Simplement, vous n'en êtes pas responsable et vous n'avez pas à en avoir honte. Il peut être génétique, lié à votre éducation ou à votre environnement familial, le résultat d'un traumatisme... Mais vous ne faites pas exprès de bégayer !
Comprendre cela est essentiel pour avancer, pour passer à l’étape suivante. Parce que comprendre qu’on n’est pas coupable ne veut pas dire ne rien faire. Mais pour agir, il va falloir prendre des risques, assumer de passer par des phases moins faciles et accepter d‘exposer votre bégaiement.
Imaginez que vous soyez en surpoids et, qu’en plus de votre régime, votre médecin vous conseille d’aller nager régulièrement à la piscine. Si vous avez honte de vos bourrelets, vous n’oserez pas vous mettre en maillot et vous n’irez pas nager. En n’assumant pas votre corps, en refusant d’exposer votre différence, vous vous privez alors de la possibilité de faire de l’exercice et de résoudre une partie de votre problème. C’est exactement la même chose pour le bégaiement. En refusant de l’exposer, vous ne vous mettez pas dans les situations de parole qui vous aideront à mettre en pratique vos techniques et à prendre confiance en vous.
2. J’aurais voulu savoir que chaque évitement est une perte de temps et qu’il ne faut jamais reculer devant le bégaiement.
Il n’y a pas à tortiller : pour améliorer votre élocution, vous allez devoir parler. Autrement dit, vous allez devoir vous mettre en maillot de bain, montrer vos bourrelets et plonger dans la piscine.
Vous allez donc devoir arrêter de pratiquer l’activité préférée des personnes qui bégaient : l’évitement.
Celui-ci peut prendre plusieurs formes : substitution d’un mot par un autre, ajout d’interjections parasites, de tics verbaux ou de raclements de gorge dans votre discours, un téléphone que vous ne décrochez pas (ou que vous feignez de ne pas entendre…), une question que vous ne posez pas ou une réponse que vous ne donnez pas, une histoire drôle que vous ne racontez pas parce que vous avez trop peur de rester coincé sur la chute, un trait d’humour ou un argument que vous gardez pour vous dans une conversation…
Mon premier souvenir d’évitement remonte à l’enfance. Ma mère m’avait demandé d’aller acheter de l’ « Ajax » à l’épicerie du coin. La première chose que j’ai vu apparaître, c’est le « A » d’Ajax et un clignotant rouge s’est allumé dans mon cerveau. Je voyais ce « A » comme un obstacle sur lequel je viendrais buter. Tout le long du chemin, ce « A » n’a cessé de grossir pour atteindre des proportions effrayantes et lorsque je suis arrivé devant l’épicière, j’ai demandé… du Mir. Juste pour ne pas affronter ce terrible A.
Tous ces mots retenus ou évités génèrent un soulagement passager mais finissent par vous brûler l’estomac et le coeur aussi sûrement qu’un acide… Petit à petit, ces évitements deviennent une seconde nature et peuvent aller très loin, jusqu’à diriger le moindre de vos choix. L’appréhension peut ainsi se transformer en peur puis en véritable phobie.
Certains vont jusqu’à se faire passer pour muets ou aphones dans certaines situations, se déclarent malades le jour d’un oral ou d'un exposé… Au restaurant, vous choisirez le plat que vous pourrez prononcer plutôt que celui qui vous fait envie. Cela peut faire sourire mais lorsque cela finit par avoir un impact sur vos choix de vie, c’est beaucoup plus grave. Vous allez ainsi éviter certaines études (vente, communication…) puis éviter de postuler pour un poste où il vous faudra parler en public ou répondre au téléphone, puis refuser de vous marier à l’église pour ne pas avoir à prononcer vos vœux en public, puis, comme moi, laisser le bégaiement choisir le prénom de vos enfants… Comme l’a écrit Joseph Sheehan : « l'évitement est un toboggan vers l'échec. »
Le 1er commandement du bègue serait donc : « Tu ne succomberas pas à la tentation de substituer un mot ou d'éviter une prise de parole. »
Parce que ce qui entretient votre honte, vos peurs et votre faible estime de vous-même, c’est l’évitement. J’ai lu quelque part que pour être fier de soi, il suffit de faire des choses dont on est fier… J’ajouterais : « et cesser de faire les choses dont nous ne sommes pas fiers ». Or, en évitant des mots ou des prises de parole, vous faites quelque chose dont justement vous n’êtes pas fier.
Alan Badmington est un policier gallois à la retraite. Son bégaiement était sévère et il était devenu un maître de l’évitement. Il raconte que, lorsqu’il interpellait un contrevenant dans la rue, il devait appeler un central téléphonique pour indiquer l’endroit où il se trouvait. Si le nom de la rue commençait par un son qu’il ne pouvait prononcer, il traînait l’interpellé dans une rue voisine avant de passer son appel ! Lorsqu’il s’est marié, il a choisi de prononcer ses vœux à l’unisson avec le pasteur pour être sûr de ne pas bloquer. Il raconte cette anecdote avec humour en expliquant que, finalement, il ne sait pas qui s’est réellement marié avec qui…
Alan a pris un jour une résolution qui a changé sa vie. Il a décidé qu’il ne ferait dorénavant plus aucun évitement. Si un mot ne sortait pas, il ne le remplacerait pas par un autre mais mettrait en œuvre ce qu’il avait appris pour surmonter un blocage. Pour lui, cela a été déterminant d’oser affronter ses peurs (peur de vivre des situations de communication, peur d’annoncer qu’il bégayait, peur d’utiliser ses techniques orthophoniques…). Il a choisi de voir les situations nouvelles comme des expériences d'apprentissage plutôt que comme des difficultés et c’est à partir de ce moment que son image de lui-même s'est améliorée et qu’il est entré dans le cercle vertueux de la confiance. Aujourd’hui, il est devenu un orateur remarquable et recherché et donne des conférences dans le monde entier pour témoigner sur son parcours.
"En réalité, vous aurez un sentiment d'accomplissement personnel en recherchant volontairement les mots craints et en vous impliquant dans des situations difficiles. Moins vous éviterez, plus vous aurez confiance en vous-même en tant que personne digne et respectable." - Malcolm Fraser, fondateur de la « Stuttering Foundation of America ».
En effet, affronter une situation renforce votre confiance et enclenche un cercle vertueux qui peut se résumer ainsi : « J’avance – je me rends compte que ce n’est pas si difficile que prévu et, même si ça l’est, ça le devient de moins en moins – je remplace la frustration par la satisfaction d’avoir osé – j’ai une meilleure image de moi – je reprends confiance – cette confiance me porte pour oser d’autres choses – etc. » On retrouve ce cercle vertueux dans de nombreux témoignages de bègues.
Catherine, une jeune femme polonaise utilise une jolie métaphore : « Dites-vous que vous avez 2 plantes : la plante carnivore “Le monstre de la parole” et la plante “Je peux le faire”. Chaque fois que vous évitez, vous arrosez la plante “Monstre de la Parole” qui devient un peu plus terrifiante alors que celle de la confiance se recroqueville. A l’inverse, chaque fois que vous êtes courageux, vous arrosez la plante « Je peux le faire » et vous regagnez de la confiance. Le but est d’assécher la plante « Monstre de la Parole » et de fertiliser la « Je peux le faire » ! »
Pour progresser et gagner de la confiance, la méthode la plus répandue est celle de la « désensibilisation progressive ». Le principe est simple. Vous listez ce qui vous fait peur (mots, situations, personnes…) par ordre croissant d’appréhension. Ensuite, vous allez affronter ces mots ou situations graduellement en commençant par ce qui vous effraie le moins. L’idée est d’acquérir progressivement de la confiance, confiance qui vous servira pour affronter la situation suivante. Pensez à l’apprentissage du ski : prenez les pistes vertes pour commencer…
Au final, vous devriez arriver à ne plus laisser le bégaiement dicter votre conduite et plus largement votre vie. Cette résolution est sans doute la plus importante. Comme le dit Alexandre sur un forum Internet :
« Quand vous pensez faire quelque chose, posez-vous une question :
Est-ce que j’hésite à le faire à cause de mon bégaiement ?
Si la réponse est « Oui », faites-le. Sinon, vous laissez le bégaiement dicter ce que vous pouvez faire et ne pas faire, et vous lui cédez le pouvoir. »
Une grande erreur est aussi de se dire « Quand je ne bégaierai plus, je ferai ça. » Parce que c’est exactement l’attitude inverse qu’il faut adopter : il faut justement « faire ça » pour arriver au final à ne plus bégayer.
Et c’est une autre chose que j’ai apprise : il n’y a pas besoin d’être bon pour se lancer mais il faut se lancer pour être bon.
3. J’aurais voulu savoir que parler de son bégaiement est un soulagement.
Pourquoi un soulagement ? Parce que vivre en essayant de cacher son bégaiement est épuisant, frustrant. En effet, de nombreux bègues s'évertuent à « masquer » leur bégaiement, avec plus ou moins de succès selon les situations.
Tim MacKeesey est un ancien « bègue masqué » devenu orthophoniste. Il a une image forte pour décrire les conséquences de cette dissimulation constante : « Durant les 30 premières années de sa vie, j’avais l’impression d’être un flic infiltré dans la mafia, vivant dans la crainte continuelle d’être découvert !»
Patricia, que j’ai rencontrée à une Journée Mondiale du Bégaiement à Marseille m’expliquait : « J’étais vraiment fatiguée de vivre sous pression à chaque instant, de ne pas pouvoir employer les mots que je voulais, ne pas vivre normalement aussi bien à l'extérieur que chez moi. Je pense que je me sentais prisonnière du système que j'avais créé pour m'exprimer. »
Une seule solution alors : tomber le masque. En effet, ceux qui ont décidé de crever l’abcès et de parler ouvertement de leur bégaiement sont unanimes : c’est un soulagement.
Patricia, par exemple, dont je viens de parler. Elle a suivi un stage collectif avec une orthophoniste. Au bout de trois jours, elle s’est retrouvée dans la rue, arrêtant les passants pour leur demander de répondre à une enquête sur le bégaiement ! Voici son ressenti : « Je n'en avais jamais parlé à personne et je me retrouvais tout à coup en train d’expliquer à un parfait inconnu que je bégayais ! Quand j'ai terminé mon premier questionnaire, j'avais envie de crier et de sauter dans tous les sens tellement j’étais heureuse ! »
Et, comme Bill Murphy, l’un des auteurs de « Conseils pour ceux qui bégaient », vous serez surpris de voir l’influence positive que cela aura sur votre entourage : « je constatai que ce n’était pas le bégaiement qui gênait mais bien mon embarras et mon évidente incapacité à vouloir en parler ouvertement. Lorsque je parlais librement du bégaiement, cela mettait mes interlocuteurs à l’aise. Ils me posaient des questions sur le sujet ; les gens se montraient intéressés et non pas incommodés. En choisissant d’admettre le bégaiement, le secret était dévoilé et j’étais moins tendu et craintif. Plus j’en parlais, moins je ressentais de honte, de culpabilité et d’anxiété.»
Et cette transparence fonctionne aussi avec des inconnus. Elle est même un précieux sésame dans les situations qui nous font peur, nous personnes qui bégaient : les interrogations orales, le téléphone, l’entretien d’embauche et même… la séduction.
Là aussi, plusieurs personnes racontent les bienfaits de ce « coming-out », à commencer par Laure, 11 ans, qui a fait en classe de 6ème un exposé sur son bégaiement et a témoigné sur le blog : « Gonflée d'espoir et de courage, j'ai fait ma matinée habituelle et enfin est arrivé le moment de mon exposé. Anxieuse et excitée à la fois, je suis allée au tableau, Julie à mes trousses. Je me suis dit "GO" et j'ai commencé. C'était comme si je dévoilais une partie de mon corps mais ça faisait du bien. A la fin, ils nous ont applaudies. J'étais très contente de ce que j'avais fait et j'espère que ceux qui bégayent feront comme moi et ce que plein d'autres ont fait. »
Je l’ai testé moi-même pour des entretiens d’embauche. J’ai annoncé mon bégaiement et les recruteurs m’ont remercié pour ma franchise et la confiance que je leur témoignais en abordant ce sujet. Cela a permis de détendre l'atmosphère, m’a soulagé d’un grand poids (plus rien à dissimuler) et a aussi évité les incompréhensions, le bégaiement non expliqué pouvant être pris pour une manifestation de nervosité ou de manque d’assurance.
Gilles a 27 ans et enseigne depuis 4 ans. Il a toujours décidé de parler franchement et ouvertement de son problème de parole. Il pense que s’il l’annonce lui-même à ses élèves, ce sera plus difficile ensuite pour eux de l’utiliser contre lui. "Parce que je suis ouvert et honnête sur le sujet et que je n’en fais pas un grand secret, ils ne peuvent pas me chambrer" explique-t-il.
Il demande aussi à ses élèves de l’aider : « Mon bégaiement se manifeste principalement par des blocages sur certains mots. Lorsque cela survient sur un nouveau mot que je dois expliquer, je l’écris au tableau et dis simplement “Voilà le mot. Je ne peux pas le dire, donc vous allez devoir m’aider à le sortir."
4. J’aurais voulu savoir que le bégaiement ne résiste pas à l’humour et à l’auto-dérision !
Dans cette stratégie de transparence, l’humour peut être une arme précieuse.
Ainsi Silvano, qui était le dernier d’une longue série d’intervenants lors d’une conférence, est entré illico dans le vif du sujet : «J'ai commencé mon discours ainsi : j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que je suis le dernier intervenant, la mauvaise c'est que je suis bègue … Alors qui sait combien de temps cela va prendre ! »
De son côté, David suivait un programme de conversion au catholicisme :
« Nous avons commencé la séance par un tour de table où je devais donner mon nom, mon parcours, ma précédente religion, etc. J'ai bloqué sur le mot « Méthodiste » durant près d'une minute. Finalement, je me suis arrêté et j'ai dit : "Je me convertis parce que je trouve « Catholique » beaucoup plus facile à dire ! » et ensuite j'ai sorti le mot que je voulais dire. Cela a eu un effet formidable. J'ai reconnu devant l'ensemble des participants qu'il se passait quelque chose d'anormal, que j'en étais conscient et, le plus important, que l'on pouvait en parler, ce que nous avons d'ailleurs fait. »
Mais le plus fort de tous, c’est Mark. Pour aborder une jeune femme qui lui plaît, il a trouvé le moyen de faire de son bégaiement non pas un frein mais un moyen original d’entrer en relation. Et surtout, il parvient à créer un contexte où ses éventuels blocages ou répétitions seront non seulement compris mais appréciés… Difficile de faire mieux pour enlever toute pression ! Voici comment il s’y prend : «Bonjour Mademoiselle, je m’appelle Mark et j’aimerais vraiment faire votre connaissance. Juste une chose : je bégaie… Et plus mon interlocutrice est jolie, plus je bégaie !»
CONCLUSION
Walt Manning, une personne qui bégaie devenue orthophoniste a écrit un jour : « Loin de moi de vouloir donner l’impression que ce cheminement a été facile, dénué de peurs et sans revers. Mais, tout bien considéré, cela fut une grande aventure. Plutôt que de le considérer comme mon démon, j’en suis venu à voir mon bégaiement comme un actif, quelque chose qui m’a amené dans des endroits excitants, qui m’a offert des opportunités de progresser et qui m’a permis de croiser des êtres merveilleux que je n’aurais autrement jamais rencontrés. Depuis des années, j’ai entendu d’autres PQB faire les mêmes commentaires, et je sais quelles le pensaient vraiment. »
Je confirme : je vis une magnifique aventure ! J’ai rencontré des gens formidables en France et à l’étranger, traduit et édité deux livres, participé à des conférences ou émissions radio pour partager mon expérience… Beaucoup de choses qui m’ont longtemps semblé inaccessibles. Aussi incroyable que cela puisse paraître, mon bégaiement est devenu une expérience positive.
Et c’est ce que j’aurais voulu que sache le petit garçon qui avait peur de demander de l’Ajax.
Merci pour ce post ! Il résume tellement de choses. J'aurais moi-aussi voulu savoir tout cela à l'époque.... Et un rappel ne fait jamais de mal.
RépondreSupprimerBravo Laurent. Belle synthèse.
RépondreSupprimerRichard
Super article!
RépondreSupprimerMerci énormément Laurent!!
Pour ma part, je dirai plutôt « Infiniment merci» ,car j'ai la chance d'être encore assez jeune pour profiter à fond de vos expériences.
RépondreSupprimerMerci Carmélo et bon voyage au pays du bégaiement !
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