20 août 2011

Bégaiement et anxiété sociale : pourquoi une simple rééducation de la parole n'est souvent pas suffisante

Les liens entre anxiété et bégaiement ont souvent été évoqués et donnent parfois lieu à des débats passionnés. S'il semble admis aujourd’hui que l’anxiété n’est pas une cause du bégaiement, on peut dire que le bégaiement peut être générateur d’anxiété, cette anxiété se traduisant par des émotions et comportements qui renforcent à leur tour le bégaiement.

Si j’ai choisi d’y consacrer un article, c’est parce qu’en faisant des recherches sur l’anxiété sociale, j’ai trouvé des réponses à une question que nous nous posons souvent :

- Pourquoi les thérapies que j’ai entreprises n’ont pas fonctionné durablement ? (notamment certaines thérapies orthophoniques ou les stages enseignant des «méthodes» pour parler sans bégayer)

Je vous propose donc de vous livrer les résultats de mon enquête sur les liens entre bégaiement et anxiété sociale. Pour cela, j'ai exhumé des déclarations et commentaires du Dr Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel, épluché les articles de spécialistes australiens et canadiens et je suis même allé boire un pot dans un bar avec Tom, Dick et Harry. Vous allez voir c’est passionnant.

1. Qu’est-ce que la phobie sociale ?

Quand je vous ai parlé d’anxiété, vous vous êtes peut-être dit : « Laurent, t’es gentil, mais beaucoup de gens ont peur du jugement des autres, personne n’aime être critiqué et tout le monde flippe avant de passer un examen ou de prendre la parole en public…».

C’est pas faux… Il existe plusieurs niveaux d’anxiété sociale qui vont du simple « trac » à la véritable phobie. Et c’est là que je sors mon premier joker, le Dr Monfrais-Pfauwadel, qui vous répondra : « La peur est une réaction normale de l’organisme qui lui permet de se sauvegarder des dangers et de perpétuer la survie de l’espèce. Encore faut-il que le danger soit réel. Si le danger est imaginaire, même après une première alerte réelle, cette peur devient une phobie. » (source : JMB des blogueurs 2009... Comme quoi, rien ne se perd et tout se recycle dans la blogosphère du bégaiement :-))

Le terme de phobie sociale est en effet utilisé quand la personne a une peur excessive et déraisonnable de situations sociales et que cela interfère significativement avec sa qualité de vie (école, travail, relations…). Les sujets ayant une phobie sociale craignent souvent d’être observés et jugés. Ils sont hypersensibles à la critique et au rejet, ont une faible estime de soi et se sentent inférieurs aux autres. Les situations provoquant ces accès d’anxiété voire de panique peuvent être nombreuses. Ce sont souvent celles où une prise de parole et un contact avec les autres sont nécessaires. Cependant, cela peut aller jusqu’au simple fait de se sentir observé en train d’écrire, de travailler voire de manger ou de boire !

Les personnes concernées souffrent de distorsion de pensée, incluant des croyances erronées sur ce que pensent les autres : "ils vont me trouver nul, ils vont se moquer de moi, tout le monde va me regarder…"

La description qui fait référence est celle donnée par l’Amercian Psychiatric Association dans son « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders » mais, dans ses réponses aux internautes au cours de la Journée Mondiale du Bégaiement 2009, Le Dr Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel résumait très bien tout cela en une phrase (j’aurais d’ ailleurs peut-être dû commencer par là, on aurait gagné du temps) : "la phobie sociale est celle des autres ou de l’idée que l’on se fait de l’idée qu’ils pourraient se faire de nous."


2. Quel rapport avec le bégaiement et comment cela se traduit-il ?

La phobie sociale n’est pas une cause du bégaiement. En revanche, la présence du bégaiement peut sans doute être un facteur de développement et de renforcement de la phobie sociale. Selon le Professeur australien Ashley Craig (Department of Health Sciences, University of Technology, Sydney) : « L’anxiété élevée pourrait être considérée comme une réaction normale aux difficultés rencontrées pour composer avec les symptômes physiques (blocages, répétions de sons,…) et les conséquences négatives du bégaiement (maladresse, déception, évitements, réactions sociales négatives, etc.) Cette évidence qui a été abordée en détail renforce et confirme le point de vue que l’anxiété sociale est une conséquence du bégaiement (Craig et al., 2003a). »

Les études menées montrent ainsi qu’une part importante des adultes qui bégaient souffrent d’anxiété ou de phobie sociale. Alors que ce trouble ne semble toucher « que » 12% de la population « normale » (étude menée sur 9 000 américains par Kessler, Berglund, Demler, Jin, & Walter en, 2005), le pourcentage est 4 à 5 fois plus élevé chez les personnes qui bégaient !

Ainsi, selon Mark Irwin, ex président de l’Internation Stuttering Association : « les statistiques du trouble de l’anxiété sociale chez les adultes qui bégaient vont de 50% (Kraaimaat et al, 2002) à 75% (Stein et al, 1996) ». Joli score, non ?

Ce pourcentage élevé est confirmé par le Dr Monfrais-Pfauwadel, dans un commentaire laissé sur le blog « Un Olivier sur un Iceberg » :

« D'après le DSM-IV, on ne peut utiliser la dénomination de "phobies sociales" si le patient a un handicap, encore plus un handicap de communication. Néanmoins les phobies développées à partir du bégaiement (40% des sujets dans ma patientèle) ont bien tous les caractères des phobies sociales, véritables petites attaques de panique à répétition. »

Cette remarque du Dr Monfrais date de 2009 et il est amusant de constater qu’elle avait un coup d’avance. En effet, suite à des études réalisées sur les personnes qui bégaient, la prochaine édition du "Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders" devrait être modifiée pour préciser que des individus souffrant de bégaiement peuvent être diagnostiqués comme ayant une phobie sociale si l’anxiété est excessive ou non reliée à leur pathologie. (source sciencedaily.com).

Le Dr Jacobs et le Dr Antony sont deux spécialistes canadiens des troubles de l’anxiété sociale. Ils expliquent comment se développe la phobie sociale et on comprend mieux pourquoi les personnes qui bégaient sont particulièrement «touchées» :
"Nos expériences de vie et nos réactions à celles-ci peuvent aussi contribuer au développement de la phobie sociale. Si nous sommes mis de manière répétée dans des situations qui nous font nous sentir différents, craindre le jugement des autres ou sommes d’une certaine manière remarqués d’une manière négative, il est compréhensible que nous développions des croyances sur nous-mêmes et sur le monde qui sont plus en accord avec l’anxiété sociale. Comme ces expériences continuent, nous pouvons aussi commencer à porter une attention sélective aux éléments de notre environnement qui renforcent nos croyances négatives. Par exemple, un orateur va se focaliser sur les deux personnes dans l’assistance qui semblent s’ennuyer et à peine remarquer les 38 autres qui écoutent avec un grand intérêt. Comme ces croyances et ces "filtres" d’attention se renforcent, la tendance à agir, sentir et penser d’une manière socialement anxieuse devient de plus en plus automatique."

Naturellement, si nous croyons que la plupart des situations sociales vont mal se passer ou créer une grosse dose d’inconfort, nous allons les éviter. Le problème c’est que comme cela nous réussit d’échapper temporairement à nos sentiments désagréables d’anxiété, nous confirmons aussi nos croyances que nous sommes incapables de gérer les situations sociales. En même temps, nous passons à côté de la chance de découvrir que nos suppositions négatives peuvent ne pas toujours êtres correctes. Eviter de plus en plus de situations par peur d’être évalué va renforcer nos croyances et préjugés négatifs et nous empêcher de nous mettre dans un nombre toujours plus grand de situations où nous aimerions ou aurions besoin d’aller. Quand ce schéma commence à interférer avec notre fonctionnement général, les signaux d’alerte d’une Phobie Sociale peuvent devenir plus visibles. »

On retrouve bien dans cette description la formation du fameux "cercle vicieux du bégaiement" : Expériences négatives de prise de parole = Sensation d’être différent = crainte du jugement = inconfort = tension, évitements = renforcement de nos croyances et préjugés négatifs (voir aussi le schéma mis en ligne par Alexandre sur son blog.)

Comme le dit le Docteur Monfrais (JMB 2009) : "La peur est dangereuse, plus dangereuse que le bégaiement, mais le bégaiement sait très bien s’en nourrir."

Sur le forum du bégaiement, Alexandre et "Tibou" témoignent du développement et de l’automatisation de cette phobie.

Alexandre : "En parallèle au bégaiement, j'ai vraiment l'impression que l'on a développé une certaine phobie de la prise de parole, et je ne crois pas que le terme "phobie" soit trop fort. Avant de parler ou de prendre un téléphone, je me suis si souvent demandé si ça valait la peine que je le fasse, si ce n'était pas trop risqué, si je n'allais pas bégayer, etc... que bien souvent, j'abandonnais. Et cette peur quasi-systématique n'est souvent pas très rationnelle."

Tibou: "Tu as raison Alexandre (…) Les peurs éprouvées nous paralysent parfois à ce point qu'elles nous font perdre tout ou partie de nos moyens. Elles sont complètement inadaptées et injustifiées au regard du risque réel (et non supposé), et de la situation telle qu'elle se présente. Elles sont amplifiées, démultipliées. Elles sont devenues réflexes avec toute une chaîne de réponses physiques et psychologiques qui se mettent en branle avec un grand ordonnancement..
Comme une bonne odeur titille notre odorat et nous fait saliver, la sonnerie d'un téléphone peut provoquer une réaction de peur, de tremblement.... C'est conditionné."

Il semblerait que cette phobie commence à se développer à l’adolescence et augmente avec l’âge. « Lorsqu’on grandit, les exigences sociales augmentent et certaines qualités sont requises pour fonctionner en société. Pour une personne qui ne peut pas toujours être fluente, cette augmentation de la responsabilité sociale et personnelle va se payer et générer un stress accru. Si ce stress n’est pas géré correctement, des conséquences négatives peuvent en résulter, notamment des niveaux d’anxiété élevés (…), une limitation dans les projets de vie et des évitements sociaux. » (Pr Ashley Craig)

Sur le lien entre sévérité du bégaiement et anxiété sociale, j’ai trouvé des informations assez contradictoires. En revanche, 60 à 75% des personnes qui bégaient qui recherchent une thérapie auraient un Syndrôme d’Anxiété Sociale (Menzies et al 2008, Stein et al 1996). Ceci semble assez logique puisque ce sont a priori ces personnes qui vivent le plus mal leur bégaiement (qu’il soit modéré ou sévère).

Et la parité homme/femmes? Et bien, elle n’est pas respectée, loin de là ! Le Pr Ashley Craig fait ce constat étonnant : "Nous avons découvert que les femmes (qui bégaient) ont des niveaux d’anxiété significativement plus importants que les hommes." Cela semble assez cohérent avec une étude citée par Martin Schwartz où, sur un groupe de 87 bègues "masqués", 70% étaient des femmes.

Maintenant que nous savons que les personnes qui bégaient sont plus susceptibles de souffrir d’un niveau élevé d’anxiété sociale, on est tenté de se demander : oui mais après ? Qu’est-ce que ça m’apporte de savoir cela, moi personne qui bégaie ou moi thérapeute de personne qui bégaie ? Ca tombe bien, c'est justement l'objet de ce post...


3. Pourquoi est-il important de détecter ce trouble chez une personne qui bégaie ?

Parce que vous avez plus de chances qu'une thérapie de rééducation de la parole ne fonctionne pas pour vous ou de "rechute" rapide après un traitement si vous souffrez d’un niveau élevé d’anxiété sociale.

Selon une étude menée par le Pr Ashley Craig, il existe une relation forte entre les hauts niveaux d’anxiété et les risques de rechute chez les personnes qui ont été soignées pour leur bégaiement. La proportion « d’anxieux sociaux » est 3 fois plus élevée que chez ceux qui n’ont pas rechuté .

Cette information est aussi relayée par Mark Irwin : "Les personnes ayant un syndrôme d’anxiété sociale rechutent après un traitement de rééducation de la parole (Iverach et al 2009) "

Si on réfléchit un peu, ce n’est pas étonnant. Une thérapie réussie du bégaiement demande de mettre en pratique les enseignements que vous avez reçus durant votre thérapie. Vous devez donc vous confronter progressivement à différentes situations de parole. Or la phobie sociale vous pousse à éviter des situations anxiogènes, par peur d’être jugé sur votre nouvelle façon de parler (surtout si la technique acquise vous fait parler d’une façon pas très naturelle) ou sur vos éventuels bégayages ("tu bégaies toujours ?"). Il est donc très difficile de développer vos compétences et de consolider votre confiance dans l’efficacité de votre thérapie.

Un niveau d’anxiété élevée se traduit aussi par une altération de vos facultés. En clair, cela veut dire que vous perdez vos moyens, que vous êtes en mode survie et que vous avez donc toutes les peines du monde à mettre en œuvre « les nouvelles réponses » acquises en thérapie. Vous vous rabattez donc très vite sur vos réactions habituelles (forçage, évitement…).

Par ailleurs, en bon anxieux social, vous n’allez vous souvenir que des prestations décevantes et à l’inverse minimiser vos réussites (« oui mais là c’était facile » ou « j’ai eu de la chance »).

Cette incapacité de mettre en œuvre ce que vous avez appris va renforcer votre sentiment d’être nul, surtout si vous avez participé à un stage collectif et que d’autres semblent très bien s’en sortir.

Cela a une conséquence importante : on ne doit pas traiter de la même façon une personne qui bégaie selon qu’elle a ou non un niveau d’anxiété sociale élevé.  Pour Mark Irwin : « prodiguer un traitement de rééducation de la parole à quelqu’un ayant un Syndrôme d‘Anxiété Sociale n’est pas seulement inefficace pour traiter à la fois le bégaiement et le SAD mais engendre un grand risque de réduire les chances de traiter le SAD et le bégaiement avec succès dans le futur. »

Pour lui, un bon thérapeute devrait donc d’abord rechercher le niveau d’anxiété sociale des personnes qui bégaient. Les gens qui ont une phobie sociale associée au bégaiement ont un trouble différent de ceux qui ont juste un bégaiement « standard » et ont besoin d’une thérapie différente.

Ceci est confirmé par une étude menée par les Dr C MB Stein, A Baird and JR Walker qui ont conclu que « de nombreux adultes recherchant un traitement pour le bégaiement ont des signes flagrants d’anxiété sociale (…). En excluant ces patients du diagnostic de phobie sociale, DSM-IV peut empêcher l’identification de l’anxiété sociale comme une source de handicap et peut limiter l’accès à un traitement ».

Pour illustrer cela, il est temps à présent de rejoindre, comme je vous l’avais promis, Tom, Dick et Harry au bar. Cette conversation a été imaginée Mark Irwin dans un article intitulé «Définir le bégaiement selon la perspective du locuteur" (traduction de Richard Parent).

- TOM (qui a le bégaiement le plus visible) :"Je bbbégaie. Quand je vvvvais prendre un verre, cela me p prend plus de tttemps pour commander une bbière."

- DICK : "Je bbbégaie. Je commande un scotch parce que je ne peux pas dire bbbière."

- HARRY : "Je bbbégaie. C’est gênant, frustrant.. Aussi je sors rarement. J’évite les contacts."

On voit bien que Tom, Dick et Harry ont 3 manières différentes de vivre leur bégaiement.

Tom accepte son bégaiement mais cela ne l’empêche pas de commander sa bière sans crainte d’être jugé par le barman.

Dick et HARRY, à des degrés divers, vivent mal leur bégaiement. Pour Harry, on est dans une souffrance beaucoup plus profonde et complexe et on ne le soignera pas en travaillant juste sur la partie émergée de l’iceberg (les "bégayages").

Mark Irwin a même imaginé une nouvelle terminologie pour décrire ce dont souffre Harry : le Syndrome de la Parole Bégayée, dont les symptômes résultent de la coexistence du bégaiement et du Trouble de l’Anxiété Sociale (phobie sociale). Plus spécifiquement, ces symptômes sont des comportements de bégaiement s’accompagnant de sensations de panique, de perte de contrôle, d’évitements de situations, d’attitudes de peu de confiance en soi et d’un bas niveau d’estime de soi et, enfin, de sentiments de frustration et d’anxiété.


4. Comment savoir si vous souffrez de phobie sociale ?

Avant d'entreprendre une thérapie, il est donc nécessaire d’évaluer le degré d’anxiété sociale de la personne qui bégaie.

Si vous pensez que cela peut vous concerner, vous pouvez faire un diagnostic chez un spécialiste. Pour cela, consultez votre médecin généraliste qui saura vous orienter.

En attendant, vous pouvez vous amuser (ou vous effrayer) à faire des tests en ligne. Le plus connu semble être le « test de Liebowitz », que vous trouverez ici (attention c’est en anglais). Il existe aussi une version allégée en Français.


5. Quelles thérapies pour soigner l’anxiété sociale ?

Selon Mark Irwin et le Professeur Ashley Craig, les options de traitement du bégaiement vont dépendre de la présence ou non de réactions psychologiques associées. Si vous bégayez mais n’éprouvez pas d’anxiété ou de peur excessive et que vous n’évitez pas les situations sociales, une rééducation de la parole peut suffire. Sinon, il vous sera nécessaire de recourir aussi à des techniques de gestion de l’anxiété, telles que les thérapies cognitives et comportementales.
 
Ces thérapies cognitivo-comportementales permettent au patient (bègue ou non bègue) de décortiquer et de modifier les croyances et pensées qui sont à l'origine de ses comportements. J'essaierai d'y consacrer un article prochainement.

En synthèse, vous devez donc apprendre :

- comment contrôler votre anxiété physique et la tension associée à la peur de parler (changer votre manière de parler, aller vers une parole relâchée)
- comment contrôler les pensées et sentiments négatifs associés au bégaiement (changer votre manière de penser)
- comment contrôler votre anxiété grâce à un renforcement de vos aptitudes sociales et de votre affirmation de soi (travailler vos compétences relationnelles).

Le Dr Monfrais (toujours sur le blog d'Olivier) confirme aussi la pertinence des TCC mais évoque aussi une autre piste : « Les Thérapies Cognitives et Comportementales sont évidemment le traitement le plus sensé et le plus logique pour que le patient se reconstruise mais il faut savoir que certains médicaments sont très efficaces, en particulier le BipBip (censuré) en traitement de fond et les béta-bloquants en médication à la demande. Les deux approches ne sont pas contradictoires. Certains médicaments agissent très bien sur ces terrains d’anxiété généralisée. »

Revenons aux 3 potes de Mark Irwin, qui sont toujours au bar (bégayer, ça donne soif).

- TOM : Le diagnostic de mon orthophoniste est celui-ci : j’ai un bégaiement à découvert, sans bégayages masqués ni de psychopathologie associée. Le traitement proposé consiste en un entraînement moteur de la parole, un travail respiratoire et une régulation du débit.

- DICK : Mon orthophoniste a attiré mon attention sur l’aspect masqué de mon bégaiement. J’ai compris que je devais surmonter la peur et la gêne de montrer mes bégayages, car sinon cela pourrait me conduire à une psychopathologie de type phobie sociale.

- HARRY : Mon orthophoniste a porté le diagnostic d’un sévère Syndrome de la parole bégayée. Je dois à la fois m’occuper de mes bégayages et de mon trouble d’anxiété sociale.
Une thérapie cognitivo-comportementale et la participation à des groupes de self help sont les deux modalités de traitement qui m’ont été suggérées. Des rendez-vous ont été pris.


Plutôt des bonnes nouvelles pour nos 3 piliers de bar, non ?

Et un sujet intéressant à creuser pour un mémoire d’ortho ou de D.U... Enfin, moi j’dis ça… ;-)

Laurent



Où trouver d’autres infos :
Site sur la phobie sociale.
Site sur l'anxiété sociale.
The relationship between stuttering and anxiety
Site de Mark Irwin sur le Stuttering Speech Syndrome
Social Anxiety Disorder and Social Phobia (Dr Jacobs et Dr Anthony)
Stuttering and social phobia (Larry Molt)

5 commentaires:

  1. Pour corroborer cet excellent post de Laurent :

    - On estime à plus de 40% le nombre de personnes bègues adultes (bégaiement persistant) qui souffrirait de phobies sociales souchées sur leur bégaiement.
    -un moyen très rapide de l'évaluer en premier entretien : l'échelle de Cooper pour adultes qui comprend deux tableaux de trois à cinq notes (de 0 à 5), l'un rempli par le patient, l'autre par le praticien .
    On fait le pourcentage final et on compare ce que le sujet ressent de son bégaiement à ce que le praticien (entrainé) en perçoit.
    Si, par exemple un patient est estimé à 45% et se perçoit "bègue" à 90 %, c'est que sa peur de parler fait de la petite montagne de son problème de parole un Everest de trouilles..on sait qu'il va falloir retrousser ses manches !
    Je veux bien envoyer par PJ à Laurent l'échelle de Cooper, elle est étalonnée et très utilisée
    - S'il y a plus de rechutes chez les personnes présentant un tableau d'anxiété géneralisée et de phobies sociales, c'est qu'il est très difficile d'agir non pas sur la peur, mais sur le RETOUR de la peur.
    Christophe André a très bien décrit ce phénomène dans "Psychologie de la peur", Editions Odile Jacob.
    C'est pour cela que les tranquillisants et les béta-bloquants ne peuvent être utiles que ponctuellement ...ou en traitement continu.
    Le "Bipbip" est plus efficace car il agit sur le fond d'anxiété généralisée. Mais il ne peut être prescrit médicalement que sur ordonnance et sous surveillance sérieuse.
    -comment repérer chez l'enfant qui bégaye ceux qui seraient le plus à risque de développer des phobies sociales ? en demandant s'ils ont des peurs ou des phobies bien caractérisées..j'ai vu plusieurs enfants bègues dont les premiers mots ont été "apeur"..authentique.
    -Les TCC sont le meilleur apport que l'on ait pu mettre au point. Les techniques de "mindfullness" sont remarquablement efficaces en ce qu'elles permettent une veritable accalmie de l'esprit.
    On rejoint là une thérapie de l'Etre.
    Philon d'Alexandrie parlait déjà de "dénouer les noeuds de l'âme" en travaillant le souffle..rien de nouveau sous le Soleil.

    Quand je parle de la mayonnaise du bégaiement, je dis que la moutarde en est le bégaiement, le jaune d'oeuf la peur..et l'huile la blessure d'amour-propre.
    On peut se faire des mayonnaises avec plein d'autres moutardes. Deux des plus communes sont les mayonnaises que l'on se fait, avec la maladie en general, ou avec l'argent...
    Le meilleur moyen de venir à bout d'une mayonnaise qui vous pourrit l'existence et vous envahit la conscience? : se poser LA question " EST CE QUE C'EST BASé SUR UN FAIT REEL ?".

    Cherchez, creusez..si le danger n'est pas réel , alors travaillez sur ce que vous craignez si fort de perdre. Il y a gros à parier que cela aura quelque chose à voir avec votre amour-propre.

    Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel

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  2. Un grand merci Marie-Claude pour toutes ces précisions très utiles. Quelques réactions :
    - Je ne connaissais pas l'échelle de Cooper et je trouve cette façon de procéder très séduisante. Je la joindrai bien sûr avec plaisir au post si vous me l'envoyez.
    - A propos de Christophe André, ma chère et tendre m'a offert "Imparfaits, libres et heureux" (elle me connaît bien ;-) et c'est un bon conseil lecture pour les personnes qui bégaient.
    - J'adore l'image de la mayonnaise !
    - Quant à l'amour-propre, votre remarque m'a fait un drôle d'effet car ma mère ne cessait de me répéter : "C'est de l'amour-propre mal placé !". Curieux de voir cette notion réapparaître aujourd'hui. Il va vraiment falloir que je creuse cela !

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  3. Le terme "mayonnaise" a sa propre entrée sur le wiwiki

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  4. Laurent,

    Je viens de tomber sur ton article que j'ai dévoré. Je le trouve extrêmement intéressant. Je le relayerai d'ailleurs sur mon blog si tu me le permets tellement le terme "d'anxiété sociale" est pertinent.

    D'ailleurs, j'ai fais le "test de Liebowitz" que tu as mis en lien et je viens de voir mon bégaiement d'une autre façon.

    En tout cas, merci et bravo pour cet article qui en plus d'être intéressant est surtout très utile.

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  5. Merci pour ton message, Romain. Ca fait plaisir de voir que des posts continuent à vivre et à être utiles :-)
    Laurent

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