25 sept. 2009

Ne vous découragez pas !

Après plusieurs tentatives infructueuses,>vous avez enfin trouvé une méthode ou thérapie qui vous convient. Vos séances chez l’orthophoniste ou votre stage se sont terminés avec succès et votre parole s’est libérée. Vous tenez des conversations, effectuez des démarches auprès d’étrangers. Vos parents et vos proches n’en reviennent pas.Vous êtes transformé et ressentez un sentiment nouveau de puissance et d’invincibilité. Pour la première fois, vous prenez du plaisir à communiquer. La parole vous semble facile, évidente et vous pensez que le déclic tant attendu s’est enfin produit. Vous pensez que votre bégaiement est vaincu et que vous avez enfin trouvé et parfaitement assimilé le moyen de vous exprimer. Cela dure quelques jours, parfois quelques semaines…
Et puis, quelques accrochages réapparaissent, quelques ratés dans le moteur qui tourne un peu moins rond, une fêlure légère mais suffisante pour que le doute recommence à s’insinuer. Vous perdez confiance dans la méthode apprise, vous l’appliquez un peu moins et peu à peu vos anciens réflexes resurgissent. Quelques évitements de mots ou de prise de parole, quelques bouffées de stress et… Patatras ! C’est la rechute. Après une histoire que vous n’avez pas pu raconter, une démarche ou un coup de téléphone, vous avez le sentiment qu’une vague brutale vous a violemment ramené à votre point de départ. Vous le vivez extrêmement mal et la désillusion est cruelle, à la hauteur de l’euphorie qui vous avait gagné les jours précédents. La fluidité s’en est allée, où a-t-elle bien pu se cacher ?

Pas de panique : c’est normal ! Je vais vous expliquer pourquoi...

Dans le traitement du bégaiement, rien n’est plus commun que de croire que la fluidité acquise durant des séances thérapeutiques ou un stage intensif durera sans continuer à travailler. Le problème de la rechute est un problème crucial dans le traitement du bégaiement. Comme certains thérapeutes le soulignent, avec un brin de provocation : « ce n’est pas très compliqué de rendre un bègue fluide, le problème c’est de maintenir cette fluidité. »
Sénèque, qui détient une certaine crédibilité en terme de philosophie de vie, écrivait que les obstacles sont inévitables et qu’il faut s’y préparer. C’est là que réside la clef. Si vous pensez que votre guérison sera un long tapis de fleurs, vous vous trompez.
Il ne faut pas être démotivé par des échecs ou rechutes qui arrivent inévitablement
. Dans son livre « la semaine de 4 heures », Timothy Ferriss consacre tout un chapitre à la prise de risque et à la nécessité d’agir pour avancer et atteindre ses buts. Il cite notamment cette phrase de Thomas J. Watson, fondateur d’IBM : « La recette du succès : doubler son taux d’échec ! »
Autre citation particulièrement intéressante de David Burns : «N’abandonnez jamais votre droit à l’erreur, car vous perdriez la capacité d’apprendre des choses nouvelles et d’avancer dans la vie.»

Apprendre une technique ou se fixer un objectif (par exemple, arrêter de cacher mon bégaiement et de recourir à des subterfuges pour éviter de bégayer) demandent peu de temps, il est beaucoup plus long de changer ses comportements, pensées et réflexes appris.
Il faut donc accepter que votre « guérison » prenne du temps et surtout ne pas vous laisser abattre par l’échec. Tous vos apprentissages se sont fait ainsi. Est-ce qu’on empêcherait d’apprendre un enfant à marcher ou à faire du vélo parce qu’il est tombé plusieurs fois ? Non bien sûr, il faudrait être fou !

Le bégaiement est ancré en vous depuis de longues années. Il ne partira pas en quelques semaines ou même quelques mois. Il faut donc vous préparer à l’échec, si vous voulez l’affronter avec sérénité. Faites en une expérience positive : pourquoi me suis-je planté, qu’ai-je fait ou pas fait, quelles étaient mes pensées, comment ai-je réagi, ai-je utilisé les techniques que j’ai apprises, si non pourquoi ?
Il y a quelques années j’ai voulu apprendre à jongler avec trois balles. Cela m’a pris des semaines, beaucoup d’énervement et des centaines (des milliers ?) de tentatives (heureusement que je ne m’exerçais pas avec des couteaux ou des torches enflammées, j’aurais aujourd’hui la tête de Nikki Lauda).

J’aurais pu abandonner, ranger mes balles et aujourd’hui je ne saurais toujours pas jongler. Pas très important, me direz-vous. Certes… Mais persévérer dans cet apprentissage futile m’a donné confiance en moi. Au début, donc, je n’y arrivais vraiment pas. Les balles partaient dans tous les sens. A un moment, je pensais même que je n’étais pas apte physiquement pour accomplir cet exercice, que je n’y arriverais jamais (ça ne vous rappelle rien ?). Et puis un jour, j’ai réussi à jongler cinq secondes sans que les balles tombent, puis un peu plus longtemps… Au fur et à mesure, les balles tombaient de moins en moins souvent, jusqu’au jour où j’ai commencé à enchaîner les gestes sans y penser.
Aujourd’hui, grâce à ce petit talent, je renforce ma position de Dieu Vivant auprès de mes enfants en attrapant de temps en temps 3 oranges et en jonglant négligemment devant leurs yeux émerveillés (:-)).

Alors, si vous avez trouvé une méthode ou pris des résolutions, ne vous découragez pas, persévérez, dites vous que les rechutes sont entièrement normales et ne remettent pas en cause votre aptitude à réussir. Elles ne sont pas reliées à vous, à votre personnalité ou à votre qualité en tant qu’être humain. Elles sont l’accompagnement logique de tout apprentissage.
Et si vous avez une petite baisse de moral, repensez à toutes les choses que vous avez déjà apprises ou réussies dans votre vie, même les plus futiles…

Je vous laisse, j'ai décidé d'apprendre à sculpter des ballons pour le prochain anniversaire de ma fille et ces satanées fines et longues saucisses de baudruche refusent de se gonfler. Je crois que je n'y arriverai jamais ! Je vous tiens au courant...

10 commentaires:

  1. Merci Laurent de nous encourager avec humour :-)

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  2. La leçon de persévérance que vous nous donnez est utile pour chacun d'entre nous. Et moi non plus je ne sais pas faire les affreux caniches en ballon!!!

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  3. Bonjour Laurent,
    Bravo pour vos commentaires, évidement il ni à pas de miracles, toute démarche est un travail sur sois même, aucune méthodes de lutte contre le bégaiement universelles, car chaque personne ne réfléchis de la même façon, il y a que des personnes qui montre une direction à prendre selon le caractère de chacun.
    Amitiés,
    Christian Boisard

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  4. Hummmm! il y'a du john harison dans tout ça, tes commentaire sont d'une franchise exceptionnelle

    Tapha sarr du Sénégal

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  5. Merci à tous pour vos encouragements, ça fait vraiment du bien, n'hésitez pas à recommencer, c'est mon meilleur carburant !

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  6. Pichard parent m'a donné d'autre traductions, si ça t'interesse Laurent, tu connais moi mail!!

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  7. merci pour beaucoup pour ton blog laurent ! Je persévère aussi même si c'est dur ^^

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  8. Persévérance et courage tels sont les deux maîtres mots pour continuer à croire en nous. Cet article me fait penser à moi dès fois quand je crois que tout est perdu. L'exemple du jonglage des balles est bien pour illustrer le fait que rien est acquis, il faut toujours s’entraîner, et si on y arrive pas aujourd'hui, on y arrivera demain. Tenter la peur des échecs est notre meilleur remède.
    Bon courage à tous.

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  9. Merci pour ce bel article qui remonte le moral. Il faut beaucoup de travail et de persévérance c est vrai. J ai beaucoup aimé ton article ou tu disais que nous sommes 50% fluides. C est tellement vrai et je n y avais jamais pensé. Nous ne sommes pas que le bégaiement! Bon courage à tous

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  10. Merci pour ton commentaire. Je te souhaite un bon voyage au pays de la découverte des mystères et surprises du bégaiement. C'est passionnant !

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